Comme nous l’avions relaté dans la Revue de la Haute-Auvergne (1), la brillante thèse de notre jeune collègue Amaury Lorin a obtenu le prix de Thèse 2012 du Sénat et vient d’être publié chez Dalloz. C’est une double consécration pour cet enseignant-chercheur talentueux. D’abord parce que l’auteur a fait une thèse plus que substantielle tant sur la forme (plus de 700 pages !) que sur le fond sur un personnage assez méconnu de notre histoire. Ce travail, extrêmement fouillé et précis (avec des documents et photos inédits) est l’aboutissement de toute une série de travaux consacrés à Doumer. Ensuite parce qu’il est rarissime que la haute assemblée publie dans cette collection des ouvrages d’historien. A la préface de son illustre directeur de recherche Serge Berstein, s’est ajouté un avant-propos du président du Sénat, Jean-Pierre Bel. Mais le Sénat pouvait-il faire autrement ? Non et pour deux raisons.
D’abord si Doumer fut président de la République, il fut surtout un de ses éminents membres et le présida même de 1927 à 1931. Et peu de choses ont été écrites sur son compte. Ensuite les travaux d’A. Lorin sont d’une telle qualité sur l’homme et son parcours (notamment au Palais du Luxembourg) que les récompenser permet aussi de rendre hommage à celui qui fut donc un sénateur influent avant que de devenir le premier président auvergnat et cantalien de la République (2). Parce qu’avant cette thèse, son auteur a multiplié les articles et conférences sur Doumer, tant à Paris qu’à Aurillac, et même écrit un précédent ouvrage sur lui. C’est aussi le biographe autorisé et incontournable de P. Doumer qui est ainsi primé (3). Il sera totalement vain de tenter d’écrire après A. Lorin. Et puis, un peu de chauvinisme ne nuit pas, ce prix consacre aussi un des auvergnats célèbres ! Et si son biographe ne l’est pas, ses travaux qu’il n’a pas hésité à venir peaufiner et présenter à Aurillac (terre natale de Doumer) lui ont permis d’être adopté par le Cantal.
La deuxième consécration, c’est d’être publié chez Dalloz dans une prestigieuse collection dont l’objectif est, rappelons-le, de « promouvoir les travaux de recherche sur les institutions et la vie politique et parlementaire, les collectivités locales et le bicamérisme ». De prime abord ce n’était pas gagné pour A. Lorin. En effet les historiens n’ont guère de place au sein de cette collection qui privilégie juristes et politistes. L’auteur nous a confié qu’il avait pu bénéficier d’un précieux relais. Celui d’Alain Delcamp, secrétaire général du Sénat mais aussi natif d’Aurillac et fin connaisseur de l’histoire politique cantalienne.
Mais l’ouvrage d’A. Lorin a pu pleinement et naturellement trouver sa place puisque s’il est avant tout historique, il n’en visite pas moins avec talent tous les domaines visés par ladite collection.
Ainsi que nous avions conclu donc dans la revue citée ci-dessus, « Cantaliens, Auvergnats, mais aussi toute personne soucieuse de son histoire, liront avec d’autant plus d’intérêt cette thèse qu’elle est aussi très bien écrite. Nous avons désormais La référence doumérienne ».
1) Chronique de lecture, Revue de la Haute Auvergne, Sumène-Artense, Tome 74, avril-juin 2012, p. 242-243.
2) Paul Doumer est né à Aurillac le 22/3/1857 et mort, assassiné à Paris, le 7/5/1932. Il fut sénateur de Corse le 7/1/1912, réélu en 1921 et en 1930 (président de 1927 à 1931). Il fut aussi député de l’Aisne et de l’Yonne ainsi que ministre des Finances.
3) A. Lorin, P. Doumer, gouverneur général de l’Indochine (1897-1902) le tremplin colonial, L’Harmattan, 2004 (pour les autres travaux cf : chsp.sciences-po.fr/doctorant/Lorin).