Dans le cadre des activités du Collège Postdoctoral du LabexMed – « Les sciences humaines et sociales au cœur de l’interdisciplinarité pour la Méditerranée » – cet appel à communication concerne une journée d’études qui aura lieu vendredi 8 novembre 2013, à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH) d’Aix-en-Provence, et sera intégrée au calendrier du laboratoire Telemme – UMR 7303 CNRS/ Université d’Aix Marseille- auprès de la même structure.
La journée d’études examinera la construction des rapports institutionnels entre pouvoir central et sujets à la fin du Moyen Âge, par le biais de la question du recrutement militaire et de l’insoumission.
L’historiographie a bien éclairé les liens entre le développement de l’organisation militaire – avec une attention particulière portée aux questions liées à son financement – et l’évolution institutionnelle des monarchies et des États régionaux entre les derniers siècles du Moyen Âge et le début de l’époque moderne. À partir de ces données historiographiques et méthodologiques – et notamment des apports de deux récents ouvrages: Quand gouverner c’est enquêter: les pratiques politiques de l’enquête princière,T. Pécout (dir), Paris, 2009 etTecniche di potere nel tardo medioevo, M. Vallerani (a cura di), Rome, 2010 –, nous nous pencherons sur une série d’exemples rendant compte de cette évolution parallèle. Ces pratiques politiques, institutionnelles, judiciaires ou encore documentaires, se traduisent sur le terrain du recrutement militaire par des mesures de prévention et de sanction. Les travaux antérieurs ont concentré leurs analyses sur les techniques du recrutement de l’armée, sur sa composition et son équipement, sur le financement de la guerre et enfin sur les rapports entre les groupes sociaux et la participation aux activités militaires. Il s’agira ici d’aborder la question sous un autre angle, en lien avec l’histoire sociale et institutionnelle, et de s’inscrire dans l’histoire des systèmes de pouvoir d’un point de vue pragmatique : quelles formes de domination les autorités publiques mettent-elles en place pour gouverner les communautés et les territoires placés sous leur contrôle ?
Cette problématique sera posée pour un espace géographique s’étendant, dans le cadre de cette première manifestation, de l’aire nord-méditerranéenne aux régions alpines occidentales, pour permettre la comparaison entre des contextes sociaux et politiques différents (monarchie, seigneuries territoriales, dominations urbaines). Une deuxième journée est envisagée pour l’année 2014, qui étendra la comparaison à Byzance et aux espaces européens septentrionaux.
Les propositions de communication devront s’inscrire dans l’une des thématiques suivantes :
- Dans quel cadre de légitimité les pouvoirs souverains/centraux formulent-ils aux sujets leurs exigences d’ordre militaire ? (recrutement, financement de la guerre). Ces exigences sont-elles une expression de l’autorité publique (exprimée par les termes novitas-periculum-necessitas) ou se réfèrent-elles à un ensemble de devoirs ordinaires, que les sujets devaient accomplir ? Comment et dans quels contextes s’expriment les discours de légitimation ?
- Quels outils administratifs, juridiques et techniques les autorités utilisent-elles pour exprimer leurs demandes d’ordre militaire ? Par quels acteurs sont-elles réalisées ? De quelle manière le contexte influence-t-il ces techniques ?
- Quel est le sens politique de l’insoumission ? Qui sont les déserteurs ? Pourquoi désertent-ils ? Font-ils la part entre les risques encourus et les bénéfices escomptés ? L’insoumission est-elle un instrument du discours politique reconnu par les acteurs sociaux ?
- Comment se construit la catégorie pénale de l’insoumission ? Quels sont les pratiques et le lexique de la sanction ? Qui sont les acteurs des procès ? Quels sont les instruments utilisés : procédures, sentences judiciaires (émises par des tribunaux locaux ou centraux), compositio, instruments infrajudiciaires ? Comment est décrit le crime, de quelle façon (comme un délit ordinaire, contre le publicum, le bien commun) ? Constate-t-on des ressemblances avec d’autres formes de désobéissance (proditio, rebellio, crimen maiestatis, violence privée ordinaire) ? Quel est le langage technique employé par les parties ? Un langage commun entre acteurs sociaux se met-il alors en place ?
- De quelle manière ce crime est-il concerné par la grâce et la rémission ?
- Les questions militaires suscitent-elles la production d’un type particulier de documentation ? La nature des sources sera interrogée : documents notariaux, procès verbaux, écritures pragmatiques, actes judiciaires, registres comptables, écritures administratives, etc. On envisagera également la diffusion de ces sources : publique ou limitée par les autorités ? Sont-elles le lieu d’un discours rhétorique ou idéologique ? Quelles sont leurs modalités de production et de conservation ? Peut-on mettre en parallèle l’évolution des écritures et celle de l’organisation militaire ? Quelles éventuelles références intertextuelles entre écritures d’origines différentes constate-t-on ?
Modalités de soumission
Les propositions de communication seront envoyées par courrier électronique exclusivement aux adresses suivantes : mmagnani@mmsh.univ-aix.fr ; mfj.magnani@gmail.com
Elles comprendront le titre de l’intervention, la thématique dans laquelle elle s’inscrit ainsi qu’un résumé de 1000 espaces-signes maximum.