« Pour vaincre les ennemis de la Patrie, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ! »
Georges Danton, août 1792
N’est-il pas de contradiction plus flagrante que celle où l’on voit une France proclamant la paix au monde avant de finalement lui déclarer la guerre au nom de la « Patrie en danger » ; Patrie qui, au demeurant, est également à la recherche de ses frontières (naturelles) ? Pourtant, le 20 avril 1792, le Royaume de France s’en va-t’en en guerre contre le « Roi de Bohême et de Hongrie », lequel n’est autre que l’Empereur de la Maison d’Autriche qui règne depuis 1452 sur le Saint-Empire Romain Germanique. Lorsqu’il s’agissait encore de Léopold II, c’était alors le frère de la Reine de France, Marie-Antoinette, et conséquemment le beau-frère de Louis XVI ; couple désespérément à la recherche d’un soutien de la part des puissances étrangères pour le laver des humiliations subies depuis l’été 1789 et l’aider à reconquérir un pouvoir de commander par droit divin. En tergiversation constante sur l’issue qu’il convenait de donner et la manière surtout de s’y prendre pour éviter à l’Europe la contagion révolutionnaire, Léopold II décède le 1er mars 1792 et n’ayant pas d’héritier, son successeur fut son neveu, François II dont les intentions belliqueuses étaient beaucoup plus affirmées que l’oncle. Autant dire que le conflit armé devenait inévitable. Pourtant, les éléments permettant de comprendre la survenance de celui-ci ne sont pas uniquement exogènes. En France même, on voit se consommer sur la scène politique la rupture définitive entre partisans de la guerre et ceux qui ardemment la rejettent. On fomente des intrigues et tout est orchestré pour que la décision ultime soit prise. Plein d’espoir, Louis XVI engagea sa personne dans cette aventure ainsi que le voulaient les formes prévues par la loi. Il ne vit pas que cela n’était qu’un piège qui se refermerait sur lui plus tard et qu’on lui en tiendrait rigueur lors de son procès ; car si la décision d’entrer en guerre était un acte du Corps législatif, l’initiative et la sanction demeuraient royales. Ce sera sans appel pour le Roi en janvier 1793 ! Les révolutionnaires aussi s’y sont laissés prendre. Sous le prétexte de vouloir protéger les acquis de la Révolution française, on verra que les intentions de certains n’étaient sans doute pas si honorables qu’on a bien voulu le prétendre. Par ailleurs, les conséquences pour le pays seront désastreuses car si l’Histoire retient à court terme certaines grandes victoires (Valmy, Fleurus…), la France demeurera en état de guerre contre les puissances avoisinantes jusqu’à la défaite de Waterloo le 18 juin 1815. Ce n’est qu’à travers une habile diplomatie qu’elle parviendra à maintenir son rang au Congrès de Vienne. Les combats pour la conquête des territoires auront été vains puisqu’un simple coup de crayon suffira pour réduire les frontières françaises à la portion congrue antérieure à 1792. Au-delà du simple aspect géopolitique, dont nous verrons en réalité la complexité qu’il renferme et les conséquences engendrées pour la postérité, la France aura œuvré dans le domaine du symbolique. Du sentiment d’unité nationale suscité par l’évènement, surgira l’emblématique Chant de guerre pour l’armée du Rhin plus connu sous le nom de « Marseillaise ».
I – Des Monarchies anxiogènes
Il n’a pas fallu beaucoup de temps après les évènements de 1789 pour voir poindre en Europe un formidable vent contre-révolutionnaire. En effet, parmi les grands principes dictés par la Révolution française, celui relatif au droit de résister face à l’oppresseur a sans doute insufflé le plus de réticences de la part des trônes étrangers. Non pas que ce dernier était dénié de manière absolue au peuple puisque de grands auteurs tels que Saint Thomas d’Aquin en traitait déjà dans leurs œuvres.
La question de la tyrannie était en fait un sujet classique depuis l’antiquité grecque. Développée au Moyen-Age, le moment crucial fut sans doute le massacre de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572 puisque nombreux seront les auteurs à contester la Monarchie absolue pour lui en préférer une plus limitée. C’est le fameux courant dit des « monarchomaques ».
Les partisans de l’absolutisme royal dénonceront ce mouvement et auront l’avantage d’un contexte favorable pour eux car au sortir des guerres de religion, le peuple aspire à la paix sociale et ne voit son salut qu’entre les mains d’un monarque aux pouvoirs illimités lui laissant toute latitude pour mener à bien sa fonction.
Le siècle des Lumières, et une période qui lui est même antérieure, ne renonceront pas à reconnaitre le droit de mettre à mort le Tyran qui exerce l’autorité sans plus de légitimité ; Charles Ier d’Angleterre a pu en faire les frais en 1649. En revanche, érigé en véritable exception, il faut que les circonstances soient telles qu’il n’y ait plus d’autre solution pour y recourir.
La Révolution française, et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen en est la preuve (art. 2), non contente de cantonner ce droit au statut d’exception, le pose purement et simplement en tant que principe de sorte que la dialectique n’est plus la même. Comment dès lors parvenir à contenir un peuple à qui l’on dit qu’il peut se retourner quand bon lui semble envers son souverain pour le remplacer par un autre mieux à même de faire son bonheur ?
Ce seul grief ne pouvait pourtant pas suffire à rejeter les idéaux révolutionnaires. L’égalité par exemple était une autre valeur impensable dans des structures sociétales dominées par le féodalisme ou le servage qui lui est étroitement lié. C’était le cas de la France laquelle fit tabula rasa dans la nuit du 4 au 5 août 1789 en abolissant les privilèges. Ce fut encore le cas du Saint Empire Romain Germanique à la veille de la déclaration de guerre en 1792.
De même, comment ne pas voir, pour mieux la rejeter, l’outrecuidance avec laquelle la France révolutionnaire déclara de manière universelle des Droits de l’Homme, faisant fi des traditions et particularismes en tout genre (historiques, régionaux …) pourtant propres à chaque Etat souverain ? Affublée des habits du donneur de leçons, le comportement de la France n’a pas du tout été du goût de nombreux auteurs appartenant à cette nouvelle frange que l’on désignera assez vite de « Contre-révolution » et qui ne figureront pas seulement parmi les nations étrangères ; ils seront nombreux à être Français.
Autres décisions propre à mettre à mal les relations diplomatiques, la France de la Révolution insistera sur l’importance de la volonté des habitants souhaitant faire allégeance à une Nation plutôt qu’à une autre. Ce seront les cas de l’Alsace et de la Ville d’Avignon sans oublier le Comtat Venaissin que l’Assemblée nationale considèrera en novembre 1790 comme appartenant au territoire français au grand dam respectivement du Prince allemand et du Saint Père le Pape Pie VI. D’aucuns diront qu’on est déjà face à la reconnaissance du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Si les exemples de rejet de la Révolution française sont nombreux sur le terrain des idées, ils le seront d’avantage dans les actes lesquels ont contribué cette fois-ci à faire planer en France même une atmosphère menaçante puisqu’on sera convaincu finalement que l’invasion étrangère est imminente.
II – Une France menacée ?
Par certains comportements, pour le moins non équivoques, les voisins de la France ont fait connaitre les sentiments qui majoritairement les animaient à savoir leur mépris de l’œuvre révolutionnaire et leur soutien indéfectible à la famille royale et à la Monarchie de droit divin.
De manière passive tout d’abord les Etats allemands ont été parmi les premiers à montrer la voie de la contestation en acceptant d’accueillir dès les premiers instants de la Révolution française les émigrés nobles dans les villes telles que Trèves, Coblence ou Mayence. Considéré comme un véritable nid de la Contre-révolution, la crainte de voir une attaque partir de ces différents endroits ne s’est pas longtemps fait attendre. C’est d’ailleurs en leur sein, mais pas seulement, que se soulèvera une « armée des émigrés ».
Passifs, les pays voisins ne le resteront pas longuement. En effet, les princes-électeurs Allemands n’hésiteront pas à participer activement à l’armement de cette troupe d’émigrés composée pour la majorité de nobles, bourgeois et autres prélats décidés à mettre un terme au processus révolutionnaire.
Trouvant refuge en Italie (notamment Turin), en Angleterre ou encore en Autriche, tous les émigrés ne prendront toutefois pas les armes contre la France. Ils seront un petit nombre à quitter le continent pour refaire leur vie dans les jeunes Etats-Unis d’Amérique. Par ailleurs, une fois constituées, les armées des monarchies alliées recruteront sans la moindre difficulté les rangs de la contestation française.
Les noms les plus illustres comme les Condé, les Richelieu ou encore les d’Harcourt feront partie de ces hommes armés contre la future République puisqu’en avril 1792, la France n’a pas encore renié la royauté.
Si le constat s’opère au lendemain seulement de la prise de la Bastille, la multiplication des actes de protestation ira croissante. C’est ainsi qu’en 1791 aura lieu une rencontre entre Léopold II et le Roi de Prusse à Pillnitz pour se concerter sur le sort du Royaume de Pologne vis-à-vis de la Russie et d’où il sortira une déclaration à travers laquelle les souverains d’Europe sont invités à se joindre aux forces impériales et prussiennes pour mettre fin au danger qui menace le trône de Louis XVI. Considérée comme un véritable ultimatum, la « Déclaration de Pillnitz » du 27 août 1791 suffit à convaincre un grand nombre qu’une coalition est fomentée à l’extérieur du Royaume français déjà moribond.
Destinée à être diffusée modestement, les auteurs de la déclaration n’avaient pas escompté une telle tribune puisqu’elle sera connue de presque tous les Etats voisins de la France y compris celle-ci pour la grande majorité des habitants de son territoire. Politique d’intimidation presque « malgré elle », l’escalade aura cependant lieu en février 1792 puisque l’Empereur du Saint Empire réitère la sommation de Pillnitz (17 février) un jour après avoir signé un accord avec la Prusse lequel semble traduire des intentions belliqueuses irréfutables.
Le 1er mars 1792, le décès de Léopold II, s’il surprendra beaucoup de monde, ne sera qu’un pas de plus vers un conflit armé devenu quasi inévitable. En effet, le neveu de ce dernier, François II, militaire dans l’âme même s’il n’a alors que vingt-quatre ans, prendra un ton aussitôt belliqueux à l’endroit de la France :
« Il est temps de mettre la France ou dans la nécessité de s’exécuter, ou de nous faire la guerre, ou de nous mettre en droit de la lui faire. Je préfère néanmoins qu’elle en prenne elle-même l’initiative pour mettre tout le bon droit du côté des puissances et les autoriser à faire des conquêtes, s’il se peut, et à les garder, en ce cas légitimement, en dédommagement des frais de la guerre dont elles se flatteraient en vain de toute autre manière ».
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour créer en France un climat de tension politique et diplomatique propice à une déclaration de guerre.
III – Les partisans de la guerre
A l’ouverture des Etats Généraux (mai 1789), on était persuadé que l’on parviendrait à s’entendre unanimement sur les mesures à prendre pour venir en aide au Monarque et à la France. Nourris par les théories de représentation, d’unité et de souveraineté nationale, il paraissait impossible à ces hommes néophytes en la matière de ne pas tomber tous d’accord sur la politique à suivre. Les espoirs se sont très vite évaporés lorsque les premiers débats de fond (on pense à la question du véto royal) furent mis sur la table. Le clivage sera consommé avec la question cruciale de la déclaration de guerre.
Les plus fervents promoteurs de la guerre seront les Girondins, députés issues pour la plupart de la région bordelaise, car dès le début de la Législative (assemblée faisant suite à l’Assemblée nationale constituante qui se sépare le 30 septembre 1791), ils chercheront à mettre le Roi au pied du mur. Pour débusquer les traîtres, on en est convaincu, il faut disperser les émigrés. Pour ce faire, la guerre est inévitable sinon souhaitable.
« Le moment et venu d’une nouvelle croisade : c’est une croisade de liberté universelle »
Brissot, le 31 décembre 1791
Parvenant à obtenir de la Législative des décrets dirigés contre les émigrés et autres prêtres réfractaires, les députés de la Gironde entameront un long débat en novembre 1791 au terme duquel on considère que les attroupements des émigrés ne sont pas encore trop nombreux mais le temps presse car ils ne tarderont pas à l’être. La seule alternative, c’est de faire la guerre aux Etats qui accueillent l’émigration sur leur territoire. Maximin Isnard résumera de manière éloquente l’atmosphère qui règne dans le manège où siègent les représentants de la Nation.
« Disons à l’Europe que nous respecterons toutes les constitutions des divers Empires, mais que si les cabinets des cours étrangères tentent de susciter une guerre des rois contre la France, nous leur susciterons une guerre des peuples contre les rois. Disons-lui que dix millions de Français, embrasés du feu de la liberté, armés du glaive, de la raison, de l’éloquence, pourraient, si on les irrite, changer la face du monde et faire trembler tous les tyrans sur leurs trônes. »
Il faut dire que le contexte est des plus favorables à ce genre de discours. L’opinion publique tout d’abord y est particulièrement réceptive. Tout la pousse à croire que la solution girondine est la meilleure de toutes les alternatives qui s’offrent à la Législative. Le double jeu du Roi que l’on a cerné depuis la fuite à Varennes (21 juin), la Déclaration de Pillnitz au mois d’août suivant puis le ralliement d’une partie des Feuillants (« parti » politique ayant fait scission d’avec les Jacobins depuis juillet 1791) pourtant hostiles a priori à tout conflit armé avec les puissances étrangères sont autant de raisons qui incitent à suivre les Girondins dans leur entreprise.
De même, les Montagnards, opposants directs des Girondins, farouchement contre la guerre, ont pourtant perdu le poids qu’ils avaient au sein de la Constituante ; non pas quantitativement mais bien plutôt qualitativement puisque les meilleurs orateurs ne siègent plus dans la nouvelle assemblée. Sur l’initiative de Robespierre, on avait adopté le 16 mai 1791 l’impossibilité pour tout membre de l’Assemblée constituante de siéger dans la nouvelle législature ce qui eut pour effet d’amputer sérieusement le parti défavorable au conflit de ses membres les plus influents, à commencer par l’initiateur même dudit décret. Ces derniers seront donc condamnés à intervenir en marge des débats de la Législative ce qui, non dépourvu de tout intérêt, ne parvient pas à renverser la tendance.
Enfin, dans les plus hautes sphères du pouvoir, les intrigues allaient bon train car conscients que les ministres composant le Gouvernement en ce début d’année 1792 n’étaient pas favorables à une déclaration de guerre (Lessart et Narbonne), les Girondins les mirent en accusation si bien que Louis XVI dû s’en défaire et nommer de nouveaux membres acquis pour la plupart aux idées girondines (Roland à l’Intérieur, Grave à la guerre, Clavière aux finances et surtout Dumouriez aux affaires étrangères).
Le 20 avril 1792, Louis XVI sanctionna le décret déclarant la guerre au « Roi de Bohême et de Hongrie » et fit envoyer Jacques Mallet du Pan, journaliste et propagandiste Genevois, auprès de ce dernier pour lui faire savoir que son intention était uniquement de rétablir son pouvoir et non de lui nuire.
Marie-Antoinette, écrivit une lettre à son amant, le Comte Alexandre de Fersen pour lui signifier son enthousiasme, bien loin de se douter des conséquences que cela aurait et pour son couple et pour la France qui s’en allait en guerre pour près de vingt-cinq ans.
IV – Si vis pacem …
Déclarer la guerre aux puissances environnantes nécessite la prise en compte de nombre de facteurs susceptibles de jouer de manière défavorable. Ici, l’exemple est pour le moins assez topique.
Tout d’abord, la France s’est fortement déconsidérée tant sur la scène internationale qu’au niveau interne car le décret adopté le 22 mai 1790 par la Constituante disposait :
Article 4
« […] la nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes et (déclare) qu’elle n’emploiera jamais la force contre la liberté d’aucun peuple »
Si l’on a beaucoup glosé sur cet article lequel fut mis en relief avec les évènements de 1792, force est d’admettre que la promesse n’a pas été tenue ; on en veut pour preuve, les débats sur les « frontières naturelles » qui n’avaient pas lieu d’être à partir du moment où l’on décidait de prohiber les guerres de conquêtes. Par ailleurs, ce qui peut correspondre à une liberté en France ne l’est sans doute pas ailleurs et vice versa. Etant entendu qu’il n’y a pas de définition universelle de la liberté, un peuple est tout à fait libre de décider finalement de ne pas l’être. Toute attaque contre ce dernier n’en constitue pas moins un acte de force contre sa liberté. L’intention, si honorable soit-elle, n’en reste pas moins fortement relative.
En outre, comme cela le fut souligné à plusieurs reprises, la France s’est mise dans une situation conflictuelle avec le reste des Etats européens jusqu’en 1815 ce qui entraina de lourdes pertes à la fois humaines mais aussi matérielles empêchant le pays de se développer sur les plans économique et industriel. De déclaration de guerre en déclaration de guerre (contre l’Espagne, contre l’Angleterre) et de cessez-le-feu en rupture de la paix et reprises des combats (paix d’Amiens de 1802-1803) la France en sortira très peu grandie. Par la suite, le Congrès de Vienne, sorte de modus vivendi temporaire, est considéré par de nombreux historiens comme étant la cause non négligeable des conflits armés marquants la fin du XIXème et le début du XXème siècle, ce qui, à la réflexion, sans être irréfutable, semble malgré tout difficilement contestable.
A court terme, c’est-à-dire au lendemain de la déclaration de guerre, un des premiers acteurs de la Révolution française à en pâtir fut incontestablement Louis XVI qui, selon le décret du 22 mai 1790 précité, endosse la responsabilité de la sanction royale de l’acte engageant le pays dans le combat. C’est à ce titre, parmi tant d’autres, que la commission dite des « Vingt-un », laquelle fut chargée d’instruire le dossier d’accusation, tiendra le Roi pour coupable lors du procès qui le mènera droit à l’échafaud le 21 janvier 1793.
Il faut tout de même souligner que ni le Roi ni la Reine n’avaient été pour rien dans ce qui était advenu de la situation étant donné que le premier avait pour ainsi dire le monopole de la diplomatie tandis que la seconde entretenait une correspondance régulière avec les puissances étrangères et notamment l’Empereur du Saint Empire qui n’était autre que son frère lorsqu’il s’agissait encore de Léopold II. Leur influence dans ce climat de tension continue qui devait mener à la déclaration de guerre n’y est donc pas indifférente.
« A quelque chose malheur est bon » dit le proverbe ; c’est au cours de la guerre qu’un certain Claude Joseph Rouget de Lisle, sur l’insistance du maire de Strasbourg où il était en garnison, composera le Chant de guerre pour l’armée du Rhin le 25 avril 1792. Entonné par les troupes en provenance de Marseille lorsque la Patrie fut déclarée en danger, il prendra alors le nom de « Marseillaise », symbole de patriotisme et source de courage tant pour ceux qui la chantent que pour ceux aux oreilles desquelles elle résonne.
Devenue chant national sous le Directoire, elle obtiendra le statut d’hymne nationale sous la IIIème République le 14 février 1879 avant de figurer aux articles 2 des constitutions des 27 octobre 1946 (IVème République) et 4 octobre 1958 (Vème République). Dire de la Marseillaise qu’elle est peut-être le seul héritage positif de cette période est un constat sans doute erroné si l’on considère les critiques qui fusent à son endroit depuis quelques années. Si elle ne fait pas l’unanimité, gageons tout de même que sa valeur symbolique incontestable est reconnue et à l’échelle mondiale et a fortiori à l’échelon national.
Sources :
SOBOUL (A) La Révolution française, Ed. Gallimard, octobre 1984, p. 608
LEVER (E) Louis XVI, Ed. Fayard, mars 1985, p. 696
BLUCHE (F) RIALS (S) TULARD (J) La Révolution française, Ed. PUF, Collection Que sais-je ?, 2003, p. 124
LENTZ (T) Le Congrès de Vienne, Ed. Perrin, janvier 2013, p. 480
GUILLEMIN (H) 1789-1792 / 1792-1794 Les deux Révolutions française, Ed. d’Utovie, octobre 2013, p. 280
LEUWERS (H) Robespierre, Ed. Fayard, août 2014, p. 480