Approche empirique de la science politique de Christophe de Nantois, 2ème édition
Titre I. Le personnel politique
La vie politique est façonnée tant par des acteurs que par le cadre plus général dans lequel elle s’inscrit. Il faut donc étudier successivement ces acteurs (chapitre 1) et les spécificités de ce champ politique (chapitre 2).
Chapitre 1. Les élites politiques
Les acteurs du champ politique sont classiquement qualifiés d’élite politique car ils dirigent les décisions politiques d’un pays. Ces élites ont de nombreuses caractéristiques qui sont communes aux différents pays démocratiques (I.) même si la France a quelques spécificités qui lui sont propres (II.).
I. Caractéristiques des élites politiques
Les élites d’un pays ne sont ni immuables ni éternelles. La Révolution française peut être vue comme une période de transition, violente, d’une élite de type aristocratique à une autre élite de type bourgeois. L’industrialisation du XIXe siècle provoque et accélère le remplacement d’une élite par une autre forme d’élite. Au Royaume-Uni, par exemple, cette transition est très visible et on peut constater le transfert du pouvoir qui passe d’une aristocratie terrienne, formée des grands propriétaires terriens, à une bourgeoisie industrielle. Cette modification sociale va être accompagnée de changements politiques lents : la chambre des Lords, réservée à l’aristocratie, maintient son mode de recrutement fermé mais elle va payer ce manque d’ouverture en perdant progressivement sa suprématie au profit de la chambre des Communes.
En France, on a pu constater au début du XIXe une unité parfaite entre richesse et pouvoir politique qui s’explique par le suffrage censitaire (1814-1848) puisque seuls les riches peuvent voter et être élus. Avec la seconde République, puis avec le second Empire, une dissociation va progressivement s’opérer entre haute administration et richesse ainsi qu’une dissociation entre les élus et la haute fonction publique. Mais ces distinctions ne deviendront véritablement effectives qu’avec la IIIe République. La classe politique de la IIIe République va principalement être issue de la moyenne bourgeoisie : avocats, professeurs, notaires, médecins… Ces traits seront modifiés peu à peu avec la création de l’ENA au début de la IVe République. En quelques années seulement, cette école est, sans conteste, devenue l’école du pouvoir en France. Créée pour être l’école de la très haute administration, elle fournit -en plus de cette élite administrative- une partie importante des très hauts cadres du secteur privé et des dirigeants politiques de tout premier plan. Par conséquent, les membres de l’élite politique, administrative et une partie de l’élite économique (les secteurs clefs de la banque, de l’assurance et de l’industrie) ont été sélectionnés de la même façon, formés de manière identique, au même endroit, par les mêmes professeurs. Ils ont donc une culture commune, des réflexes comparables et partagent, globalement, des origines sociales identiques.
Trois traits communs sont à aborder successivement : les caractéristiques sociologiques comparables d’un pays à l’autre des politiques (1.), l’importance de l’héritage et de la jeunesse en politique (2.) et enfin la récurrence des fonctionnaires en politique (3.).
1. Des caractéristiques sociologiques communes
L’« homme politique » type est : un homme, blanc, âgé d’une cinquantaine d’années, ayant fait des études assez longues et appartenant à une catégorie socioprofessionnelle supérieure. Ce portrait général peut, cependant, être légèrement nuancé selon les pays et les époques mais, à l’exception des quinze ou vingt dernières années, il est d’une affligeante stabilité.
a. Des hommes, blancs, hétérosexuels, d’âge mûr
§ 1 Une féminisation qui progresse
Ici le constat est facile à effectuer : très peu de femmes sont au tout premier plan de la politique de leur pays voire de la politique mondiale même s’il existe, bien sûr, de très notables exceptions.
Pour mesurer la prédominance des hommes sur la vie politique, quelques constats simples suffisent. Ainsi en France, aucune femme n’est jamais devenue Présidente de la République et une seule est devenue, brièvement, Premier ministre : Edith Cresson. Dans toute l’histoire du Royaume-Uni, deux femmes seulement ont été nommées Premier ministre (Margaret Thatcher et Theresa May). En Allemagne, une seule femme dans l’histoire a accédé au poste de chancelier (Angela Merkel) et jamais aucune n’y a été Présidente. Aux Etats-Unis, aucune femme n’a jamais accédé à la présidence. En Italie, jamais aucune femme n’est devenue Présidente ou Premier ministre. En Espagne, aucune femme n’est devenue Premier ministre. Ces simples constats sont sans appel.
Lorsque l’on songe à la présence des femmes en politique, on pense immédiatement à Margaret Thatcher, à Theresa May ou à Angela Merkel. Mais ces femmes marquantes cachent la composition de la forêt qui, à peu de choses près, est entièrement masculine. Cette illusion, ou plus précisément cet aveuglement, incite à croire que les femmes sont nombreuses et marquantes en politique ; elles sont certes, de plus en plus nombreuses et de plus en plus marquantes mais elles n’en restent pas moins toujours trop rares et souvent reléguées à des postes secondaires, destinées à faire tapisserie, à apporter un peu de couleur lors des photos officielles.
Certes, plusieurs femmes ont eu un rôle politique déterminant dans leur pays, voire même au plan mondial : Indira Gandhi, Premier ministre de l’Inde (1966-1977 puis 1980-1984), Golda Meir, Premier ministre d’Israël (1969-1974), Margaret Thatcher, Premier ministre du Royaume-Uni (1979-1990), Benazir Bhutto, Premier ministre du Pakistan (1993-1996), Angela Merkel, chancelière d’Allemagne depuis 2005, Michelle Bachelet, Présidente du Chili (2006-2010, 2014-2018), Hillary Clinton, secrétaire d’Etat des Etats-Unis (2009-2013), Dilma Roussef, Présidente du Brésil (2011-2016), Christine Lagarde, Présidente du FMI depuis 2011, Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Libéria (2006-2018), première femme élue à la tête d’un Etat africain, prix Nobel de la paix1.
On peut donc citer des femmes politiques de tout premier plan mais, si on peut les citer, c’est précisément parce qu’elles sont peu nombreuses.
Les plus hautes sphères du pouvoir ne sont pas les seules à souffrir d’un déficit de représentation féminine.
En France, les gouvernements n’intègrent des femmes dans des proportions comparables à celles des hommes que depuis le début des années 2000. La quantité de femmes n’est d’ailleurs qu’un piètre critère puisque, si c’est pour les reléguer dans le fond du classement gouvernemental, leur présence n’a guère d’intérêt autre que celui de faire de la communication. Mais dans ce domaine aussi, les pouvoirs accordés aux femmes par les hommes (c’est encore clairement comme cela que cela se passe) tendent vers toujours plus d’égalité à un point tel que les gouvernements Fillon, Ayrault, Valls, Cazeneuve et Philippe sont à égalité parfaite, ou presque, tant sur la quantité que sur les places des femmes.
Pour ce qui est des parlements, la situation évolue également vers plus de féminisation mais, en dehors des pays scandinaves où le taux de féminisation est élevé, la répartition des sexes est sans équivoque : les femmes sont partout minoritaires.
La France illustre ce constat général. Depuis les élections législatives de juin 2017, on dénombre 226 femmes élues à l’Assemblée nationale pour 351 hommes, soit 39 % de femmes pour 61 % d’hommes. Ce chiffre est un record historique et dénote une importante et rapide progression de 30 points en 20 ans2.
Illustration 1 : La présence féminine dans les chambres basses (France, Royaume-Uni, Allemagne) 3
Le même constat peut être effectué concernant le Sénat français. A la suite du renouvellement du Sénat français en septembre 2017, on dénombre 109 femmes sur 348 sièges soit 31 %. Le mouvement, quoique moins rapide qu’à l’Assemblée nationale, est le même : une progression de la présence féminine au fil des élections : 22 % en 2011, 25 % en 2014.
§ 2 Une très faible représentation des minorités
En démocratie, que les minorités, quelles qu’elles soient, sont généralement peu présentes au pouvoir. Cela est parfaitement logique puisqu’il faut nécessairement être élu par la majorité pour accéder au pouvoir (sauf s’il existe des mécanismes correctifs). Mais, si ce constat a une cause logique, il n’en reste pas moins que le résultat est navrant : très peu d’élus issus de minorités, visibles ou invisibles, sont présents, ce qui donne un sentiment malheureux d’exclusion pour ceux qui appartiennent à ces minorités qui se sentent exclues et qui, de fait, sont exclues.
Trois points distincts retiendront successivement notre attention : les minorités visibles, les minorités religieuses et les minorités touchant à la sexualité.
Minorités visibles. Il n’est certainement pas politiquement correct d’aborder la question de la couleur de peau des individus mais il faut bien admettre que c’est un fait : rares sont les dirigeants politiques des pays occidentaux qui n’ont pas la peau blanche.
La France illustre assez clairement ce constat. On peut certes trouver dans l’histoire de France quelques dirigeants politiques qui n’étaient pas blancs de peau mais il faut tout de même bien chercher4. Depuis une quinzaine d’années, cependant, on peut noter une réelle amélioration de la représentativité des dirigeants politiques français sur ce point : Christiane Taubira, Rachida Dati, Najat Vallaud-Belkacem, Rama Yade, Hamlaoui Mekachera, Azouz Begag, Kader Arif, Fleur Pellerin, Fadela Amara, Yamina Benguigui, Jeannette Bougrab, Jean-Vincent Placé, Harlem Désir, Laura Flessel, pour ne citer qu’eux, sont venus enrichir par leur présence la scène politique. Même si certains de cette liste ne modifieraient guère la valeur du stock dans une échoppe de potiches, d’autres en revanche ont fait nettement plus que de la figuration, à commencer par les trois premières qui ont été gardes des sceaux ou ministre de l’Education Nationale.
Pour ce qui est des Etats-Unis, le changement est tout aussi visible puisqu’en plus de Barack Obama, Condoleezza Rice ou Colin Powell sont venus apporter une nouvelle image à la politique américaine des vingt dernières années. L’élection de Donald Trump, WASP caricatural (White, Anglo-Saxon, Protestant), marque un net retour sur ce point.
On peut aussi relever, au titre des exceptions, l’élection de Sadiq Khan au poste de maire de Londres en 2016.
Minorités non visibles. Le thème est tout aussi délicat, on peut illustrer cette difficulté par deux exemples : la religion et la sexualité.
Minorités religieuses. Pour des raisons numériques identiques à toutes les minorités, les minorités religieuses atteignent rarement le pouvoir.
La France étant un pays de tradition catholique, de nombreux catholiques ont été au pouvoir. Aujourd’hui, les athées ou non pratiquants sont nombreux et ils sont par conséquent nombreux à être, ou à avoir été, présents aux plus hauts postes. Dans ces conditions, on ne dénombre que peu d’élus aux hauts postes appartenant à une minorité religieuse : aucun Président ou Premier ministre n’a été musulman. Pour la même raison, très peu de juifs ont été élus aux plus hauts postes de la politique française : aucun Président, et 3 Premiers ministres seulement au XXe siècle : Léon Blum, Pierre Mendès France et Laurent Fabius. De la même façon, on dénombre peu de protestants hormis Michel Rocard et Lionel Jospin.
Le constat est identique ailleurs. Ainsi, aux Etats-Unis, un seul catholique a été élu président : John Fitzgerald Kennedy. Il y a aussi eu un candidat à la présidentielle qui était mormon : Mitt Romney, candidat des Républicains face à Barack Obama en 2012. Mais le constat est donc très net : tous les présidents étaient des protestants (religion majoritaire) sauf John Fitzgerald Kennedy.
Une sexualité acceptable5. La question des minorités sexuelles est un peu plus complexe encore. Il y a dans ce domaine, pour des raisons historiques évidentes, une grande discrétion, voire un tabou, qui règne.
Nous ne parlerons donc que des dirigeants ayant publiquement annoncé une sexualité non majoritaire que l’on peut regrouper sous l’étiquette générale LGBT. A dire vrai, il n’existe que très peu de transsexuels ayant détenu des postes politiques6 ; la question qui retiendra davantage notre attention est donc celle de l’homosexualité en politique.
Le temps est désormais loin où Harvey Milk, premier homme ouvertement homosexuel à être élu conseiller municipal d’une grande ville américaine (San Francisco, 1977), fut assassiné (en 1978). Néanmoins, aujourd’hui encore, les homosexuels deviennent rarement des dirigeants politiques de premier plan. Peu de gouvernements ou de pays ont en effet été dirigés par des politiques ouvertement homosexuels. Ici encore, le mouvement est récent et il est en accélération.
La première chef de gouvernement au monde à être arrivée au pouvoir en étant ouvertement homosexuelle fut Jóhanna Sigurðardóttir qui atteignit le poste de Premier ministre en Islande (2009-2013). On dénombre depuis d’autres exemples : Xavier Bettel, Premier ministre du Luxembourg (depuis 2013), Leo Varadkar, Premier ministre d’Irlande (depuis juin 2017) et Ana Brnabić, Premier ministre de Serbie (depuis juin 2017).
§ 3 Lorsque démocratie et gérontocratie se confondent
L’âge d’arrivée au pouvoir est souvent très élevé et on ne compte plus les dirigeants qui meurent en fonction, en particulier dans les pays non-démocratiques. La règle semble, par conséquent, être qu’un politique est comme le bon vin : il faut qu’il soit vieux.
La France confirme parfaitement cette règle, l’âge moyen des Présidents de la Ve République au moment de leur prise de fonction à l’Elysée étant de 56 ans et 4 mois et 11 jours7. L’analyse détaillée laisse cependant apercevoir d’assez grandes différences entre le doyen, Charles de Gaulle, arrivé à 68 ans, et le plus jeune, Emmanuel Macron, élu à 39 ans seulement.
Pour ce qui est des Premiers ministres, la moyenne de leur âge au moment de leur arrivée à Matignon est à peine inférieure : 53 ans et 8 mois8. Ici encore, on peut noter des écarts importants entre le doyen Pierre Bérégovoy (66 ans) et le plus jeune Laurent Fabius (37 ans).
A tous ces noms, il convient de rajouter encore quelques notables exceptions à une arrivée tardive au pouvoir : Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République au suffrage universel direct à l’âge de 40 ans et 8 mois ou encore Maximilien de Robespierre qui avait 35 ans en 1793 lorsqu’il a dirigé de facto la France (sans toutefois avoir été élu pour cela).
La France est comparable, en matière de gérontocratie, aux autres pays démocratiques car, en démocratie, il est parfaitement normal d’arriver au pouvoir après s’être fait connaître, ce qui requiert des années. Certains peuvent arriver plus tôt au pouvoir en bénéficiant d’une nomination plutôt que d’une élection (c’est le cas, par exemple, pour certains Premiers ministres et ministres français) ou en étant issu d’une famille politique célèbre (Louis-Napoléon Bonaparte, John Fitzgerald Kennedy, Marion Maréchal-Le Pen députée à 22 ans).
A titre de comparaison, l’âge moyen des Présidents américains est de 54 ans et 11 mois au jour de leur arrivée à la maison blanche9. Aux Etats-Unis aussi, il existe de grandes variations entre les plus jeunes et les plus anciens. Ainsi, entre Donald Trump arrivé à 70 ans et 7 mois, et John Fitzgerald Kennedy (43 ans et 7 mois)10, il existe une grande marge.
Toujours à titre de comparaison, l’âge moyen des Premiers ministres au moment de leur arrivée au pouvoir est de 50 ans en Nouvelle-Zélande (1856-2014), de 53 ans au Canada (1867-2014), de 53 ans en Australie (1901-2014), de 52 ans aux Pays-Bas (1848-2014). Une homogénéité assez remarquable se dessine dans cet échantillon qui est, cependant, réduit et déterminé par le hasard des données disponibles.
Le gouvernement peut sembler être plus jeune que d’autres institutions, plus jeune que le Sénat en particulier. C’est largement une illusion dictée par les médias qui mettent plus volontiers en avant les jeunes ministres. Ainsi, au moment de sa nomination, la moyenne d’âge du gouvernement Philippe II est de 51 ans11.
Illustration 2 : Age moyen en début de législature (chambres basses)12
L’âge moyen des députés en début de législature n’appelle que peu de commentaires, les variations étant relativement minimes, dans le temps comme dans l’espace, puisque presque systématiquement situé entre 48 et 54 ans.
A l’issue des élections législatives de 2017 la moyenne d’âge des députés français est de 48 ans (contre 55 ans pour l’Assemblée élue en 2012). On constate un rajeunissement assez net des députés avec cette dernière élection.
La situation est plus classique au Sénat puisque en 2017, après renouvellement, la moyenne d’âge des 348 sénateurs reste assez élevée avec 61 ans13.
Pour aller plus loin :
Emmanuel Aubin, Jean-Philippe Lecomte, Introduction à la vie politique et Eléments de sociologie politique, Gualino, 2004, p. 64-70.
b. Des origines sociales favorisées, des études prestigieuses
Différents types d’indicateurs peuvent indiquer une origine sociale élevée. La profession des parents et leur niveau de revenu sont des indicateurs assez fiables. Dans les deux cas, la très grande majorité des membres des élites politiques des pays occidentaux est composée de personnes issues d’un milieu favorisé, voire très favorisé, comme John Fitzgerald Kennedy ou Winston Churchill. Il existe toutefois de très notables exceptions, la politique pouvant être, aujourd’hui encore, un ascenseur social très efficace. Au nombre de ces personnalités politiques issues d’un milieu modeste on peut, par exemple, citer Nicolas Sarkozy, Margaret Thatcher ou Barack Obama.
La présence dans les parlements de notables aisés est attestée partout, parfois même de façon très caricaturale. John Fitzgerald Kennedy notait ainsi avec humour « le Sénat des Etats-Unis est le club le plus fermé du monde ». En effet, pour être élu au Sénat il est recommandé d’être millionnaire : 40 sénateurs sur 100 en 2003 étaient des millionnaires. C’est tout simplement indispensable, au vu des frais des campagnes électorales, aux Etats-Unis.
En ce qui concerne le niveau d’étude moyen des élites politiques, il est nettement supérieur à celui des populations qui sont représentées. Les comparaisons précises concernant le niveau d’études restent, cependant, délicates à effectuer car les structures générales de l’enseignement ne sont pas identiques d’un pays à l’autre. Cependant, l’élite politique d’un pays est globalement issue de son élite scolaire. Or l’élite scolaire d’un pays occidental est largement issue de son élite économique. Cela n’a, toutefois, rien d’automatique : quand vous êtes issu de l’élite économique, vous devez faire vos preuves scolaires ; cela est certes plus facile que pour quelqu’un issu des milieux populaires, mais de nombreux fils de famille ne font pas d’études prestigieuses. D’autre part, plusieurs dirigeants politiques n’ont pas fait d’études de tout premier plan.
En Grande-Bretagne, la surreprésentation des MPs ayant effectué de études prestigieuses est manifeste. Pour la législature 1997-2001, 51 % des MPs ont ainsi étudié dans une public school avant de passer par Oxford ou Cambridge14. Les autres universités du Royaume-Uni sont également largement surreprésentées par rapport à la population générale15.
Le taux des « Oxbridges »16 représente environ 1 % de la population britannique, ce qui est évidemment faible. Mais, parmi les Premiers ministres britanniques, le taux de présence des Oxbridges est très élevé, ce qui indique une filière de recrutement politique incontournable. Depuis 1900, le Royaume-Uni a vu 23 Premiers ministres se succéder, or 12 sont passés par Oxford, 3 par Cambridge, 3 furent autodidactes et 5 ont suivi des cursus différents17. Mais ce profil devient nettement moins diversifié depuis la seconde guerre mondiale puisque sur les 15 Premiers ministres qui se sont succédé à downing street, 10 sont passés par Oxford, 2 étaient des autodidactes (John Major et James Callaghan), 2 ont suivi d’autres cursus (Winston Churchill et Gordon Brown) alors qu’aucun n’a suivi ses études à Cambridge.
En Allemagne, la surreprésentation des études supérieures (universités et universités techniques (Fachhochschule)) est évidente dans un pays où l’enseignement pratique est pourtant valorisé18. L’indicateur le plus marquant du niveau d’études élevé du personnel politique allemand est le nombre de députés titulaires d’un doctorat : 118 en 2014, (125 en 2007, 99 en 2002) sur environ 600 députés. Certes, ce diplôme est plus répandu qu’en France, car il a une valeur sociale plus élevée, mais cette proportion de docteurs parmi les députés est très largement supérieure à celle de la société allemande dans son ensemble. Dans ces conditions, se voir retirer son titre de docteur pour plagiat peut mettre fin à une carrière politique. Annette Schavan a ainsi été forcée à la démission du ministère de la Recherche. Elle fut certes ensuite réélue au Bundestag en 2013 mais elle ne put se maintenir longtemps et elle démissionna en juin 2014.
De la même façon, parmi les huit chanceliers allemands nommés depuis la seconde guerre mondiale, trois sont docteurs : Angela Merkel (physique), Helmut Kohl (histoire) et Ludwig Erhard (économie). Un taux là encore, très largement supérieur au taux moyen de la population.
Un autre indicateur social utilisable est la catégorie socioprofessionnelle des élus avant leur entrée dans la vie politique, tout au moins pour ceux qui ont eu une vie professionnelle.
Les études comparatives relatives à l’origine professionnelle des politiques sont complexes à effectuer car chaque Etat fixe ses propres catégories en fonction de sa classification nationale. Cependant quelques grands traits communs ressortent : une surreprésentation des professions juridiques et une sous-représentation manifeste des catégories ouvrières. Ce trait de la sous-représentation des catégories ouvriers et travailleurs manuels est commun à toutes les démocraties occidentales avec son pendant : la surreprésentation des catégories sociales élevées. Ce penchant, classique, a encore été aggravé par la chute des partis communistes en Europe occidentale.
D’autre part, et assez logiquement, les professions dans lesquelles la prise de parole publique est indispensable sont plus présentes que dans la société (avocats, enseignants et parfois journalistes).
Enfin, la présence de nombreux fonctionnaires dans les parlements, et en politique en général, du fait des facilités de carrière, est un trait qui se retrouve régulièrement (infra).
2. L’importance de débuter en politique dès le plus jeune âge
a. L’influence prépondérante de la socialisation initiale
La socialisation initiale, selon l’expression de Dominique Chagnollaud19, peut être vue sous deux aspects : d’une part, le contact dès la plus tendre enfance avec la politique, contact effectué le plus souvent du fait de l’activité politique de leurs parents et, d’autre part, le contact au début de l’âge adulte avec la politique en raison d’un engagement associatif, syndical, étudiant ou militant. En d’autres termes, pour être fort en politique, mieux vaut être tombé jeune dans la marmite.
§ 1 La politique en héritage : les dynasties politiques
Une partie très importante de ceux qui se lancent dans une carrière politique ont été bercés dès leur plus tendre enfance dans le milieu politique. Le phénomène n’est pas propre à la France, bien au contraire, il semble même qu’en France, il y soit un peu moins répandu que dans d’autres démocraties. On pense ici en particulier aux Etats-Unis, à la Grèce, à l’Inde, à l’Ile Maurice et au Japon.
I) UN PHENOMENE MONDIALEMENT REPANDU
La famille est, dans tous les domaines, le premier lieu de socialisation. La politique, en particulier l’activité politique des parents, ne fait pas exception et les enfants, qui sont en mesure d’observer l’activité politique de leurs parents, ont ensuite tendance à reproduire ce qu’ils ont observé. Ainsi aux Etats-Unis en 1966, 54 % des élus du Congrès avaient, au moment de l’enquête, des parents élus locaux ou nationaux20.
L’hérédité en politique est un phénomène incontournable alors que la démocratie aurait pu éviter les dynasties politiques.
Aux Etats-Unis, certains noms ont marqué les deux siècles de démocratie américaine. John Quincy Adams, le sixième Président, était le fils du deuxième Président, John Adams. Benjamin Harrison, élu Président en 1888, était le petit-fils de William Harrison élu en 1841. Franklin Delano Roosevelt, 32ème Président, était un lointain cousin du 26ème Président, Theodore Roosevelt. La dynastie Bush compte deux Présidents et un sénateur (le grand-père, Prescott Bush) et deux gouverneurs (George W. Bush, gouverneur du Texas de 1995 à 2000 et son frère Jeb Bush, gouverneur de la Floride 1999-2007). Le fils de Jeb Bush, George Prescott Bush, né en 1976, entame une carrière politique, etc.
Stephen Hess, un auteur américain spécialiste de cette question, a élaboré un système de classement par points21 selon les fonctions exercées par une même famille au fil des générations22. Ce système, critiquable sur plusieurs aspects, crée un indicateur de puissance dynastique. Il retient les familles qui ont détenu des postes politiques sur au moins trois générations par le lien du sang et non par les mariages23.
Arrivent en tête de ce classement les familles : 1. Kennedy (96 points24), 2. Roosevelt (92 points25), 3. Rockefeller (81 points26), 4. Harrison (76 points27), 5. Adams (68 points28), 6. Bush (67 points29), 7. Frelinghuysen (66 points30), 8. Breckinridge (65 points31), 9. Taft (64 points32), 10. Bayard (63 points33). A elles dix, ces familles comptent pas moins de 10 Présidents, 5 vice-Présidents, 12 gouverneurs, 25 sénateurs et 29 représentants. Stephen Hess comptabilise par ailleurs, plus de 700 familles qui ont envoyé au moins deux de leurs membres au Congrès34.
Au-delà de ce classement contestable, car il dépend de points attribués de façon arbitraire, deux règles sont dégagées par Stephen Hess au terme de cette analyse. D’une part, pour créer une dynastie politique, la stratégie la plus efficace consiste à avoir le plus de descendants possibles puisque certains seulement prennent le chemin de la politique et parce que tous ne réussissent pas. Chez les Kennedy, le succès sur ce critère est flagrant : Joseph Patrick Kennedy Sr a eu 9 enfants (dont trois seulement ont effectué une carrière politique) et 26 petits-enfants. Notons que Joseph Patrick Kennedy III, dit Joe Kennedy, né en 1980, fils de Robert Kennedy et donc neveu de JFK, est élu de la chambre des représentants depuis 2013. Il a été désigné par son parti, les Démocrates, pour fait la réplique au discours sur l’Etat de l’Union de Donald Trump en 2018, ce qui est généralement signe d’un grand avenir.
D’autre part, Stephen Hess relève que les électeurs accordent une prime à la génération qui succède à une génération marquante, mais cette prime accordée aux descendants ne leur permet que de grimper faiblement dans la hiérarchie politique. Pour accéder à un échelon supérieur de la vie politique, il leur faudra faire leurs preuves comme n’importe qui. A titre d’exemple, Hess indique que les fils de Franklin Delano Roosevelt ont, certes été élus, mais pas à des postes très prestigieux et qu’ils n’ont jamais réussi à aller au-delà.
De nombreux pays sont concernés par le phénomène dynastique.
En Grèce, quelques familles se distinguent particulièrement. La famille Papandréou a compté plusieurs Premiers ministres sur trois générations35, la famille Karamanlís également sur deux générations36, la famille Mitsotákis est incontournable depuis plus d’un siècle37 et la famille Kefalogiannis compte plusieurs parlementaires et ministres depuis 50 ans38.
Dans ce pays, le pouvoir politique semble quasiment confisqué par quelques familles qui se disputent entre elles. L’offre politique semble donc assez peu diversifiée, ce qui explique -très partiellement- les contestations citoyennes.
En Inde, une famille a très fortement marqué l’histoire politique depuis l’indépendance : la famille Nehru (dite aussi famille « Nehru-Gandhi »). Indira Gandhi, Premier ministre de l’Inde (1966-1977 puis 1980-1984), est la fille unique de Jawaharlal Nehru, le premier Premier ministre de l’Inde (1947-1964). Le fils d’Indira Gandhi, Rajiv Gandhi, fut Premier ministre de l’Inde de 1984 à 1989. Après l’assassinat de ce dernier, le parti du Congrès a demandé à son épouse, Sonia Gandhi, née en Italie et n’ayant obtenu la nationalité indienne qu’à l’âge de 37 ans, de reprendre le flambeau, elle a présidé le parti du Congrès (1998-2017) ; en 2004, elle a été classée troisième femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes. Leur fils, Rahul Gandhi, est député depuis 2004 et président du parti du Congrès depuis 2017, représente la quatrième génération.
Au Japon, le phénomène dynastique est également très présent. Ainsi Yasuo Fukuda (Premier ministre de 2007 à 2008) est le fils de Takeo Fukuda (Premier ministre de 1976 à 1978). On peut également noter que Yūko Obuchi, ministre de l’Industrie de Shinzō Abe, est la fille de l’ancien Premier ministre Keizō Obuchi.
Mais deux familles politiques se distinguent particulièrement dans la politique japonaise : la famille Hatoyama et le triptyque constitué par les familles Abe, Kishi et Satō.
La famille Hatoyama est souvent considérée comme l’équivalent japonais de la famille Kennedy, tant par son importance politique, que par sa richesse ; cette famille occupe le devant de la scène politique japonaise sur quatre générations depuis la fin du XIXe siècle. Au premier rang de cette famille se trouvent deux Premiers ministres : Ichirō Hatoyama (1954-1956) et son petit-fils Yukio Hatoyama (2009-2010) ainsi que trois ministres39.
La vie parlementaire japonaise a été également très marquée par la famille Hatoyama, le patriarche, Kazuo Hatoyama, ayant été Président de la Chambre des représentants (1896-1897), on dénombre six parlementaires Hatoyama40. Le Parlement japonais a comporté de 1986 à 1992 un record de trois parlementaires issus de cette famille siégeant simultanément41. L’avenir de la dynastie Hatoyama pourrait être assuré par Tarō Hatoyama, fils de Kunio Hatoyama, né en 1974, membre de l’Assemblée préfectorale de Tōkyō (2003-2005) qui s’est présenté à plusieurs élections depuis.
Mais l’alliance politique la plus extraordinaire est, sans conteste, celle de trois puissantes familles très étroitement liées les Abe, les Kishi et les Satō qui ont eu une influence politique déterminante (et controversée) sur le Japon du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Les liens entre ces trois familles sont assez uniques puisque, en plus des alliances matrimoniales classiques, elles ont effectué des adoptions réciproques.
Illustration 3 : Une extraordinaire dynastie politique : les familles Abe, Kishi et Satō
Cette alliance commence au tout début du XXe siècle. Shusuke Kishi se marie avec une femme de la lignée Satō mais ils n’ont pas de fils. Ils adoptent donc Nobusuke Kishi, né Nobosuke Satō, qui quitte sa famille pour être élevé par son oncle et sa tante au sein de la famille Kishi. Nobusuke Kishi aura une longue carrière politique, avant et pendant la guerre, étant notamment ministre du Commerce et de l’Industrie de 1941 à 1945 (il fut à ce titre chargé de l’organisation du travail forcé). De 1945 à 1948, il fut emprisonné comme criminel de guerre sans jamais être jugé. Après sa libération, il reprit une carrière politique et fut notamment Premier ministre de 1957 à 1960.
Le jeune frère biologique de Nobusuke Kishi, Eisaku Satō, deviendra aussi Premier ministre peu de temps après : de 1964 à 1972 (un record de longévité aujourd’hui encore en vigueur au Japon). Eisaku Satō obtiendra le prix Nobel de la paix en 1974 pour sa politique pacifiste et contre la prolifération nucléaire (cette politique sera remise en cause en 2010 avec la déclassification d’accords secrets passés entre les Etats-Unis et le Japon).
Dans la famille Abe, le patriarche, Kan Abe, a été député à la chambre des représentants de 1937 à 1946. Son fils, Shintarō Abe, est à la fois le gendre (il s’est marié à Yōko Kishi, la fille de Nobusuke Kishi) et l’héritier politique de Nobusuke Kishi. Il est devenu une figure politique incontournable des années 1980 étant député depuis 1958, et ministre à plusieurs reprises, dont ministre des Affaires Etrangères de 1982 à 1986.
Shintarō Abe a eu plusieurs fils dont Shinzō Abe qui fut Premier ministre de 2006 à 2007 puis de 2012 à ce jour.
Mais Shintarō Abe a eu un autre fils : Nobuo Kishi. Celui-ci est né Nobuo Abe mais a été adopté par son oncle maternel : un homme de la famille Kishi. Nobuo Kishi est sénateur (membre de la chambre des conseillers) depuis 2004.
On imagine bien volontiers tous les bénéfices politiques qui peuvent être retirés d’une telle alliance. Le soutien sous toutes ses formes et la confiance qui peuvent résulter de plusieurs générations d’alliance ininterrompue. Eisaku Satō a, par exemple, été le ministre des Finances de son frère Nobusuke Kishi qui était Premier ministre. On peut raisonnablement supposer que Nobusuke Kishi a, quatre ans plus tard, lorsque Eisaku Satō est à son tour devenu Premier ministre, apporté son soutien.
De même, deux générations plus tard, on suppose volontiers que Shinzō Abe Premier ministre, dispose du soutien du sénateur Nobuo Kishi, qui est son frère biologique… Ceci étant, faire de la politique en famille peut s’avérer, au contraire, très compliqué comme le montre l’exemple de la famille Le Pen et les nombreux conflits en son sein.
Depuis qu’elle a accédé à l’indépendance en 1961, l’Ile Maurice a été dirigée par peu de Premiers ministres : Sir Seewoosagur Ramgoolam (1961-1982), Sir Anerood Jugnauth (1982-1995, 2000-2003, 2014-2017), Navin Ramgoolam (fils de Seewoosagur Ramgoolam, 1995-2000, 2005-2014) et Pravind Jugnauth (fils de Anerood Jugnauth, depuis 2017). Autrement dit, depuis 1961, à l’exception de la période 2003-2005 durant laquelle Paul Bérenger fut Premier ministre, le pays n’a été dirigé que par deux familles : la famille Ramgoolam et la famille Jugnauth. C’est extrêmement peu pour une démocratie.
On peut enfin signaler, en passant, quelques autres pays dans lesquels le phénomène des dynasties politiques s’est manifesté, sans toutefois atteindre les sommets qui viennent d’être indiqués.
En Pologne, le phénomène dynastique ne s’est pas manifesté sur plusieurs générations mais sur une seule génération qui fut particulièrement marquante. En effet, les frères jumeaux Kaczyński ont détenu au même moment les deux postes les plus importants du pays : l’un était Président : Lech Kaczyński (Président de la République de 2005 à 2010) et l’autre Premier ministre : Jarosław Kaczyński (Premier ministre de 2006 à 2007)42.
En Thaïlande, la famille Shinawatra43 a récemment marqué la vie politique du pays dans des conditions d’instabilité notable du fait des interventions récurrentes des militaires et des juges (infra).
Au Pakistan, Benazir Bhutto (Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996), était la fille de Zulfikar Ali Bhutto (Président du Pakistan de 1971 à 1973 et Premier ministre de 1973 à 1977).
Au Liban, la dynastie Hariri est incontournable44.
Enfin, dans le cadre de cette liste non exhaustive, au Canada, la famille Trudeau se distingue avec deux Premiers ministres sur deux générations : Justin Trudeau Premier ministre du Canada depuis 2015, qui se trouve être le fils de Pierre Elliott Trudeau Premier ministre du Canada pendant 15 ans (1968-1979 et 1980-1984), ce qui a fait de lui l’homme politique le plus marquant de son pays depuis la guerre.
II) UN PHENOMENE PRESENT EN FRANCE DE FACON LIMITEE
En France, le phénomène dynastique n’a pas atteint les proportions décrites ci-dessus. En effet, aucun Président de la République n’a eu de père ou de grand-père Président ; aucun Premier ministre n’a eu de père ou de grand-père Premier ministre ou Président. Il n’en reste pas moins que certaines dynasties politiques existent, et parfois depuis longtemps, comme en atteste la famille Maunoury. La dynastie débute avec Paul Maunoury (député de 1876 à 1889), elle continue avec Maurice Maunoury (fils de Paul, député (1910-1924) et ministre de l’Intérieur de 1922 à 1924) et Gabriel Maunoury (cousin de Maurice et député 1912-1924), et elle s’achève au sommet avec Maurice Bourgès-Maunoury (arrière petit-fils de Paul, éphémère président du conseil en 1957, une quinzaine de fois ministre sous la IVe République, député durant toute la IVe).
Plus récemment, sous la Ve République, on trouve quelques familles importantes dans la politique française : la famille Debré avec Michel Debré (Premier ministre de 1958 à 1962), Jean-Louis Debré son fils (Président de l’Assemblée nationale 2002-2007) et Bernard Debré son frère jumeau (député pendant plus de 20 ans, ministre). La famille Le Pen avec le patriarche Jean-Marie Le Pen (député et président du Front National), Marine Le Pen sa fille qui a hérité du Front National, Marion Maréchal-Le Pen, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen élue députée à 22 ans.
Certaines familles sont facilement identifiables et presque aussi connues comme la famille Dassault45, la famille Joxe46.)), la famille Giscard d’Estaing47, la famille Kosciusko-Morizet48, la famille Poniatowski49, ou encore la famille Abelin50.
D’autres cas sont un peu plus discrets : Martine Aubry (ministre à plusieurs reprises) qui est la fille de Jacques Delors (ministre des Finances, Président de la Commission Européenne) ou Roselyne Bachelot, députée pendant 20 ans (qui a conservé la circonscription de son père) et ministre à plusieurs reprises pour une durée totale de 7 ans, est la fille de Jean Narquin député entre 1968 et 1988.
Au plan local, on peut penser à un fief à Toulouse puisque Pierre Baudis, maire de Toulouse de 1971 à 1983 a transmis à Dominique Baudis, son fils, la mairie de Toulouse de 1983 à 2000.
Mais, soyons honnêtes, toutes ces familles françaises ayant compté des personnalités politiques en leur sein, sont loin derrière les pays ci-dessus cités, en particulier en ce qui concerne l’importance des postes occupés. En France, la politique est parfois une affaire de famille, comme ailleurs, mais en France le pays n’est pas dirigé par quelques familles seulement, comme cela se produit parfois ailleurs.
III) UN PHENOMENE NEFASTE ?
Tous ces exemples sélectionnés n’ont bien sûr aucune vocation à être exhaustifs. Ils ne servent qu’à montrer que les dynasties politiques existent dans les régimes démocratiques. La question de fond sur l’hérédité en politique est simple : ce phénomène est-il choquant en démocratie ?
Il existe une forme d’inégalité entre ceux qui effectuent une carrière politique et ceux qui exercent une autre profession. En effet, il n’est pas choquant qu’un médecin ait un père médecin, un garagiste un père garagiste, un boulanger un père boulanger, un avocat un père avocat et ainsi de suite. Dans de nombreuses professions, comme commerçant, ou dans de nombreuses professions libérales, la transmission du fonds de commerce est au contraire un argument commercial : « boucher de père en fils depuis… ». Cet argument n’est pas forcément utilisable en politique. La difficulté vient du fait qu’en démocratie, en République en particulier, on est sensé se démarquer du modèle de transmission héréditaire typique de la monarchie et de certaines dictatures, comme la Corée du Nord51.
Pourtant si ces dynasties existent en démocratie ce n’est que parce que les électeurs valident cet état de fait ; ce sont leurs votes qui créent les dynasties.
Le malaise ne devrait donc pas exister : les politiques héritent, comme le font les enfants dans bon nombre d’autres professions, et les électeurs valident le processus.
Si le malaise persiste, c’est au nom de la « théorie des apparences » : il ne faut pas seulement qu’on soit dans une démocratie, il doit être visible qu’on est dans une démocratie52. Or, l’hérédité en politique rappelle les mécanismes de transmission du pouvoir non-démocratique. Peut-on pour autant empêcher quelqu’un de se présenter à des élections, au prétexte que l’un de ses parents ou de ses grands-parents, a été élu dans le passé ? Non bien évidemment. Alors, faute de pouvoir contrecarrer ce phénomène, il faut bien accepter de vivre avec ce sentiment, un peu désagréable, que l’on a parfois lorsqu’on regarde l’existence de ces dynasties.
Il existe deux autres difficultés avec les dynasties politiques qui, cette fois, n’ont rien de psychologique, mais relèvent de l’atteinte au principe d’égalité entre les candidats. En effet, au plan médiatique, ou disons au plan publicitaire, quelqu’un dont le nom est connu, et qui n’a plus qu’à se faire un prénom, ne concourt pas dans les mêmes conditions que quelqu’un dont le nom est parfaitement inconnu. Cet avantage doit toutefois être relativisé, car hériter n’est pas toujours un avantage : des dossiers en souffrance sont forcément présents, des vieilles histoires peuvent resurgir du passé, etc.
D’autre part, faire de la politique en famille peut créer des tensions politiques et familiales, comme le montre l’exemple de la famille Le Pen, au sein de laquelle les conflits sont récurrents et violents. Les querelles entre Jean-Marie Le Pen et sa fille Marie-Caroline Le Pen sont à la fois politiques et familiales depuis le départ en 1998 de Marie-Caroline du Front National. Jean-Marie Le Pen s’est également durablement brouillé avec sa fille Marine Le Pen qui l’a exclu du Front National.
L’autre difficulté survient lorsque le phénomène dynastique est accompagné du népotisme (infra). Or la tentation est toujours grande de vouloir favoriser l’un de ses proches. Dans ces cas-là, il y a une rupture, de fait, d’égalité entre les candidats.
Encadré 1 : Le népotisme
Le népotisme est la tendance de certains papes et, par extension, de certains dirigeants politiques, à favoriser l’ascension de leur famille, ou de leur entourage, dans la hiérarchie dont ils sont au sommet, au détriment notamment du mérite ou de l’intérêt général.
Etymologiquement, le terme vient de l’italien nepotismo, de nipote qui signifie « neveu » et fait référence aux cardinaux-neveux. Il arrivait, en effet, qu’un pape élève au rang de cardinal ses neveux. Ainsi Calixte III (Alfonso Borgia) nomma cardinal son neveu (et fils adoptif) le futur Alexandre VI. Alexandre VI (Rodrigo Borgia) nomma à son tour son propre fils, César Borgia, cardinal, âgé de 18 ans seulement. D’autres papes nommèrent leurs neveux : Sixte IV (dont son neveu, Raphaël Riario, qui n’avait que 17 ans), Paul III (qui créa un duché pour son fils, Pierre Louis Farnèse, et qui nomma deux de ses petits-fils cardinaux : Alexandre Farnèse (nommé cardinal à 14 ans) et Guido Ascanio Sforza di Santa Fiora (nommé cardinal à 16 ans) ou encore Urbain VIII, qui éleva trois de ses neveux au rang de cardinal.
Jean-Baptiste Colbert pratiqua assidûment le népotisme en plaçant à différents postes-clefs ses frères Charles Colbert de Croissy (ambassadeur puis secrétaire d’Etat et ministre d’Etat à partir de 1680) et Nicolas Colbert (évêque d’Auxerre), ainsi que son cousin germain Charles Colbert du Terron (intendant général des armées navales du Ponant en 1666).
En politique contemporaine, le népotisme est caractérisé par les faveurs qu’un homme, ou une femme, au pouvoir montre envers sa famille ou ses amis, sans considération du mérite, de l’équité, de leurs aptitudes ou capacités. Ainsi, un Président de la République qui aurait un fils qui triple sa deuxième année de droit, pourrait tenter de faire nommer celui-ci à la tête de l’EPAD (Etablissement Public pour l’Aménagement de la région de la Défense), un établissement qui gère plusieurs dizaines de millions d’euros et dont l’opacité de la gestion a fait l’objet de plusieurs rapports de la Cour des comptes. Devant la levée de bouclier nationale et la polémique internationale, Jean Sarkozy retira finalement sa candidature à la direction de l’EPAD le 22 octobre 2009 pour être, malgré tout, nommé administrateur de l’EPAD.
Le népotisme, qui est un abus de pouvoir -y compris dans les régimes non-démocratiques- doit être distingué du phénomène dynastique en politique qui, même s’il gênant au plan psychologique, reste légal.
§ 2 Les engagements des jeunes années
Au moment de l’arrivée à l’université, plusieurs choix doivent être faits qui vont conditionner une partie de l’avenir individuel. Le premier d’entre ces choix est celui d’une filière universitaire, puis professionnelle. Certaines professions mènent davantage à la politique que d’autres : avocat, journaliste, haut fonctionnaire, enseignant, médecin, etc. En effet, ces professions sont parmi celles que l’on retrouve le plus au sein des parlements et des gouvernements. Cela s’explique facilement pour les professions liées à la prise de parole en public car, dans un débat public, ceux qui savent s’exprimer clairement, par phrases courtes et marquantes, sans stress apparent, ont plus de chances de marquer les esprits que ceux qui découvrent le fonctionnement des débats et des interviews.
Au plan local, ceux qui exercent une profession dans laquelle le contact avec la clientèle est fréquent ou basé sur la confiance (médecin, pharmacien, avocat, notaire, etc.) ont déjà fait une grande partie du chemin vers le poste qu’ils visent car, si une personne a confié sa vie à tel médecin, il peut bien lui confier aussi la mairie.
L’influence du milieu professionnel originel sur la politisation future est donc réelle. D’une façon générale, les professions socioprofessionnelles supérieures mènent plus facilement que les autres à la vie politique, en particulier aux hauts postes politiques. Pour les carrières locales, ce trait est un peu moins marqué et disparaît partiellement derrière la personnalité du candidat.
Mais le choix des études et d’une future profession n’est pas le seul à être important pour un éventuel avenir politique. Les rencontres faites pendant les études, parfois même dès le lycée, en particulier la découverte et l’investissement au sein d’associations militantes, étudiantes ou, plus simplement, la rencontre de camarades de promotion qui sont politiquement engagés peut être déterminante. Beaucoup d’associations étudiantes sont, en effet, de véritables pépinières politiques qui découvrent de jeunes talents et leur offrent des occasions de s’épanouir. Parallèlement, presque tous les partis politiques ont une organisation interne destinée aux plus jeunes.
L’engagement associatif apolitique ou l’engagement syndical crée aussi des filières d’engagement politique qui peuvent survenir légèrement plus tardivement, vers 25 ans, au moment du premier emploi.
b. Les filières politiques
Dans presque tous les pays du monde, les filières privilégiées pour entamer une carrière politique passent par une université. Certaines thématiques mènent plus naturellement que d’autres à exercer plus tard des fonctions politiques. La science politique est, par exemple, favorisée en Allemagne ou aux Etats-Unis. Le droit, le droit public en particulier, mène également à une meilleure connaissance des rouages internes de l’Etat et constitue une catégorie, la plupart du temps, très bien représentée au sein des parlements et des gouvernements.
Mais en plus de ces choix thématiques, le choix d’une université particulière offre de meilleures chances de progression vers les sommets politiques d’un pays. La règle est, en fait, très simple : ce sont les universités les plus prestigieuses d’un pays qui forment les hommes politiques les plus prestigieux. De ce point de vue, la formation politique ne fait que suivre le mouvement général de formation intellectuel d’un pays. Ces universités sont parfaitement identifiées dans chaque pays : Oxford et Cambridge au Royaume-Uni, quelques universités américaines remplissent la même fonction aux Etats-Unis. Dans d’autre pays, ce n’est pas nécessairement l’université où les études ont été faites qui importe mais plutôt le diplôme obtenu et éventuellement la filière suivie. Ainsi en Allemagne, la filière privilégiée pour accéder en politique est le droit ; la science politique est également valorisée. Mais quel que soit le parcours suivi, l’essentiel est d’être docteur : en 2014, 118 députés sur environ 600 portent le titre de docteur53. Sur les huit chanceliers allemands élus depuis la seconde guerre mondiale, trois sont docteurs : Angela Merkel (physique), Helmut Kohl (histoire) et Ludwig Erhard (économie).
La filière privilégiée pour faire une carrière politique n’est pas toujours universitaire. Dans de nombreux pays, en particulier dans des pays en voie de développement, l’armée remplit cette fonction. Il peut exister des spécificités locales, en Russie par exemple, la filière la plus favorable pour devenir homme politique est de passer par les services secrets. On compare volontiers le KGB et l’ENA de ce point de vue.
Une filière sélective ne débute pas toujours à l’université mais parfois en amont. Ainsi au Royaume-Uni, pour pouvoir intégrer Oxford ou Cambridge, il est préférable d’avoir au préalable été élève d’une public school (le terme public est au demeurant mal choisi puisque ces écoles sont privées et extrêmement sélectives). La plus connue d’entre elles, Eton College, a formé 19 Premiers ministres britanniques durant ces trois derniers siècles54, ce qui en fait donc une très filière privilégiée, majoritaire presque (sur les 54 premiers ministres du Royaume-Uni depuis 172155). Harrow school, une autre public school, a pour sa part formé sept Premiers ministres britanniques (dont Winston Churchill et Robert Peel ainsi que le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru). Westminster School a également formé sept Premiers ministres (des XVIIIe et XIXe siècles).
Le passage à Oxford ou à Cambridge reste toutefois l’étape la plus marquante de l’entrée dans l’élite britannique. Ces deux universités admettent environ 5.000 élèves par an, soit 1 personne pour 12.000 Britanniques56.
Aux Etats-Unis, pour intégrer l’élite américaine, il est utile d’avoir étudié dans une des huit universités de l’Ivy League : Brown University, Columbia University, Cornell University, Dartmouth College, Harvard University, Princeton University, the University of Pennsylvania et Yale University. Cette association d’universités est située sur la côte nord-est des Etats-Unis ; ces universités forment environ 60.000 étudiants par an. La domination de ces universités dans la formation des politiques américains est nette : 14 Présidents américains sur 45 ont étudié dans une ou plusieurs université(s) de l’Ivy League, la majorité d’entre eux étant passés par Harvard57.
Mais aux Etats-Unis on peut également ajouter, sans abaisser le niveau de formation, d’autres universités qui se sont imposées durant les 50 dernières années comme le MIT (1.500 étudiants par an), le Caltech (1.200), Berkeley (15.000) et UCLA (15.000). Au total environ 100.000 personnes par an sont donc formées dans ces grandes universités soit 1 personne pour 3.000 Américains58.
Depuis le milieu du XXe siècle, la formation des élites n’est plus seulement nationale mais elle passe désormais par quelques grandes facultés de la planète, en particulier les universités américaines et britanniques. Le personnel politique n’échappe pas à cette règle et de grands noms de la politique mondiale ont été formés dans les universités anglo-saxonnes (les universités francophones étant manifestement peu attirantes).
Ont ainsi étudié à Oxford : quatre Premiers ministres d’Australie59, deux Premiers ministres du Canada60, deux Premier ministre d’Inde61, cinq Premiers ministres du Pakistan62 ainsi que Bill Clinton. Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix a également fréquenté Oxford. L’université de Cambridge a également formé nombre de Premiers ministres, essentiellement dans les pays ayant été des colonies britanniques.
Pour ce qui est des universités de l’Ivy League, on peut noter que plusieurs dirigeants de rang mondial ont étudié à Cornell63 ou à Yale64. Mais c’est bien sûr Harvard qui a formé la plupart des dirigeants politiques de premier plan formés en dehors de leur pays65.
Les dirigeants politiques français échappent largement à ce processus de formation à l’étranger à la notable exception de Jacques Chirac qui a suivi les cours d’été de Harvard (Harvard summer school) et de Marisol Touraine qui a également suivi des cours à Harvard.
A titre de comparaison, il faut noter que les élites en France sont recrutées essentiellement dans quatre grandes écoles : l’ENA, HEC, l’école polytechnique (X) et l’école normale supérieure. Or les effectifs de ces grandes écoles sont très faibles car ce sont des recrutements hyper-sélectifs. Pour les écoles polytechnique et normale supérieure environ 200 élèves par an et par école, le double pour HEC et pour l’ENA entre 50 et 100 élèves par an. Soit un total pour ces quatre grandes écoles majeures d’environ 850 à 900 élèves par an (sans compter que certains élèves étudient dans plusieurs d’entre elles). L’élite française c’est donc moins de 1000 personnes par an, soit 1 personne pour 65.000 Français. C’est un chiffre extrêmement faible, surtout si on le compare aux pays ci-dessus.
3. Des fonctionnaires très présents
Dans presque tous les pays démocratiques, le nombre des politiques qui sont, initialement, des fonctionnaires est élevé. Cela s’explique très simplement par les facilités offertes par la fonction publique pour interrompre sa carrière de fonctionnaire et reprendre celle-ci ensuite. Cette interruption de carrière par une vie politique ne constitue d’ailleurs pas un handicap en cas de retour (la progression à l’avancement est généralement conservée) mais, au contraire, la plupart du temps, la détention d’un mandat politique accélère la carrière du fonctionnaire concerné.
Les salariés du secteur privé n’ont pas la même sécurité de l’emploi et doivent donc faire un choix beaucoup plus engageant entre une carrière politique et une carrière professionnelle. Les professions libérales, pour lesquelles la création puis l’entretien d’une clientèle est stratégique, sont, par définition, plus risquées que les autres.
Dans le cas précis de la France, en plus des raisons générales qui viennent d’être avancées, le poids de la fonction publique parmi le personnel politique est important aussi car servir l’Etat est culturellement considéré comme particulièrement noble. L’influence de Colbert et des rois de France, renforcée par la création napoléonienne des grandes écoles ont toutes concouru à ce que les métiers de la fonction publique, en particulier de la très haute fonction publique, soient socialement bien considérés. Si l’ENA a acquis le prestige qui est le sien, c’est non seulement par les grandes opportunités de carrière qui sont offertes à la sortie de l’ENA, mais aussi du fait que les candidats qui s’y présentent sont parmi les Français les mieux formés et les plus performants.
Dans ces conditions, il n’est pas particulièrement étonnant que les plus hauts postes politiques de la République soient régulièrement détenus par des fonctionnaires de carrière.
Il n’est qu’à observer les profils des Présidents de la République depuis 1958. Charles de Gaulle étaient un général, il a travaillé toute sa vie pour le compte de l’Etat. Georges Pompidou a une formation d’enseignant (Ecole Normale Supérieure, agrégation de lettres (major), il a enseigné notamment à Henry IV) et, en dehors d’un bref passage par la banque Rothschild, il a effectué l’intégralité de sa carrière pour le compte de l’Etat. Valéry Giscard d’Estaing, après avoir étudié à l’Ecole polytechnique puis à l’ENA, a toujours travaillé pour l’Etat. François Mitterrand, du fait de sa carrière politique n’a, pour ainsi dire, jamais travaillé pour un autre employeur que l’Etat. Jacques Chirac a étudié à Sciences Po puis à l’ENA et a été fonctionnaire toute sa vie. Nicolas Sarkozy se démarque des autres Présidents puisqu’il a exercé une carrière d’avocat fiscaliste. François Hollande après l’ENA (promotion Voltaire) n’a travaillé que pour l’Etat ou le parti socialiste. Emmanuel Macron enfin, après l’ENA aurait dû être haut fonctionnaire même s’il est, lui aussi, passé par la banque Rothschild.
En d’autres termes, tous les Présidents de la Ve République étaient des fonctionnaires à l’exception de François Mitterrand et de Nicolas Sarkozy. Officiellement, l’un et l’autre étaient avocats, Mitterrand a dû plaider une ou deux fois dans sa vie et Sarkozy a eu une carrière d’avocat fiscaliste d’une dizaine d’années ; l’un et l’autre, du fait de leurs fonctions politiques, ont finalement vécu presque intégralement des fonds publics.
Pour les Premiers ministres, le constat est à peine différent : les trois quarts étaient des fonctionnaires de carrière66. Le constat statistique est très simple : sur les 23 Premiers ministres français depuis 1958, 17 étaient des fonctionnaires. Et encore, cette statistique omet de préciser que François Fillon et Manuel Valls ayant eu une très longue carrière au sein des partis politiques, en tant qu’hommes politiques ou ayant agi au sein de l’Etat, n’ont que peu ou pas travaillé dans le secteur privé. Les seuls à avoir eu une activité professionnelle dans le secteur privé sont donc Edith Cresson, Pierre Bérégovoy, Jean-Pierre Raffarin et, dans une large mesure, Bernard Cazeneuve.
Notons que la catégorie la plus nombreuse, celle des enseignants, est cependant très disparate puisque Raymond Barre, professeur des universités en économie, et Pierre Mauroy, enseignant en histoire-géographie dans l’enseignement technique, n’avaient pas exactement les mêmes parcours ni les mêmes étudiants.
Au parlement, la présence des fonctionnaires est cependant en baisse sur le long terme : à l’Assemblée nationale, 45 % des députés étaient des fonctionnaires en 1997, ils étaient 31 % en 201467. Au Sénat, on comptait 41 % de fonctionnaires après le renouvellement de 2014, on en compte 34 % depuis le renouvellement de 2017. Parmi tous ces parlementaires issus de la fonction publique, le corps le plus représenté est celui des enseignants (enseignants du secondaire pour la plupart).
II. Quelques caractéristiques de l’élite politique française
L’élite politique française intègre les grands stéréotypes qui viennent d’être exposés : elle est très largement composée d’hommes, blancs, âgés, issus de milieux favorisés, ayant fait de longues études, et ils ont souvent eu dans leur famille proche des responsables politiques. Quelques traits sont cependant spécifiques à la France et ceux-ci viennent en grande partie du système scolaire et universitaire français.
1. Prédominance de l’ENA sur la vie politique et économique française
Créée en 1945 par Charles de Gaulle et Maurice Thorez (secrétaire général du parti communiste), l’Ecole Nationale d’Administration a pris un poids considérable en France tant dans le domaine politique que dans le domaine économique et industriel français. Les personnalités, fort différentes, de ces deux créateurs montrent que l’intérêt qui a présidé à la création de l’ENA allait bien au-delà du clivage partisan classique. L’objectif principal était d’unifier la formation des très hauts fonctionnaires qui, jusque là, dépendait de chaque ministère.
Depuis sa création, l’ENA forme l’essentiel des très hauts fonctionnaires français (environ 6.000) ainsi que quelques très hauts fonctionnaires étrangers (environ 2.500). Si l’immense majorité des énarques font toute leur carrière au sein de la fonction publique68, quelques-uns d’entre eux entament une carrière dans le secteur privé et quelques rares énarques (environ 3 %) effectuent une carrière politique. Dans tous ces cas, les énarques se retrouvent systématiquement dans les tous premiers postes du domaine dans lequel ils sont présents, ce qui donne l’impression que l’ENA est devenue, non seulement l’école des très hauts fonctionnaires français, ce qui est le cas, mais aussi l’école de l’élite économique et politique française, ce qui, de fait, est aussi le cas.
Si l’on observe les postes politique les plus en vue comme Premier ministre et Président de la République, cette impression, loin d’être démentie, est au contraire confirmée.
Ainsi, sur les huit Présidents de la Ve République, quatre ont étudié à l’ENA. On serait tenté de dire « seulement » quatre mais il faut ajouter que de Gaulle, Pompidou et Mitterrand ont fait leurs études avant la création de l’ENA et ne pouvaient, par conséquent, pas y étudier. Par conséquent, sur les cinq Présidents en âge d’avoir étudié à l’ENA, quatre y ont été élèves (Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande et Emmanuel Macron). La proportion devient gigantesque.
Pour ce qui est des Premiers ministres, sur les 23 personnes à avoir exercé cette fonction depuis 1958, neuf sont énarques : Jacques Chirac69, Laurent Fabius, Michel Rocard, Edouard Balladur, Alain Juppé, Lionel Jospin, Dominique de Villepin et Edouard Philippe. La proportion de 39 % est, ici aussi, particulièrement élevée.
Le poids des énarques dans les gouvernements est, lui aussi, très important. Ainsi dans le gouvernement Valls II, on dénombrait 5 énarques70 sur les 16 ministres du gouvernement et ils figuraient parmi les ministres les plus importants. Le gouvernement Ayrault II n’était guère différent : sur les 11 ministres les plus importants, trois étaient énarques71. Le gouvernement Philippe II se démarque néanmoins, avec une présence des énarques moins marquée que d’ordinaire72, peut-être pour compenser la présence simultanée d’un énarque à l’Elysée et d’un autre à Matignon.
Quant au poids des énarques dans les administrations centrales, il est évidemment déterminant puisque c’est la vocation première de l’ENA de former ces hauts administrateurs.
Cependant, il ne faut pas imaginer que les énarques forment un corps homogène et soudé, la compétition entre eux étant une seconde nature, du fait de la sélection opérée pour intégrer l’ENA et du fait du classement de sortie. Le risque de collusion politique entre les énarques est donc peu plausible. Le risque est ailleurs. Il vient du fait que l’élite politique, administrative et économique française est à la fois resserrée et homogène. Elle est homogène sociologiquement et surtout, ce qui est encore pire, elle est homogène intellectuellement car l’élite française a été formée dans un moule presque unique. Il paraît, en effet, difficile de créer des solutions originales et novatrices dans ces conditions où les réflexes intellectuels et les grilles de lecture sont communs.
La promotion la plus politisée de l’ENA, celle qui a eu la plus grande influence sur la politique française est évidemment la promotion Voltaire (1980). Elle a été tellement dominatrice que c’en est caricatural. On disait dans les coulisses du pouvoir socialiste dans les années 1980 que parmi les ministres il y avait « les Nanterre et les Voltaire ». Les deux filières les plus présentes étant l’université de Nanterre et la promotion Voltaire de l’ENA. Cette phrase connue n’est toutefois pas totalement représentative de l’influence de cette promotion Voltaire puisque celle-ci a également fourni bon nombre de figures éminentes de la droite. La promotion Voltaire a donc fourni de nombreuses personnalités politiques majeures73.
La promotion Léopold Sédar Senghor (2004) est en passe de remplacer la promotion Voltaire. Elle compte bien sûr Emmanuel Macron mais également, Gaspard Gantzer (responsable de la communication de l’Elysée sous François Hollande), Sibyle Veil (présidente-directrice générale de Radio France), Sébastien Proto (rédacteur du programme économique de Nicolas Sarkozy) Boris Vallaud (secrétaire général adjoint de l’Elysée 2014-2016) ou encore Mathias Vicherat (directeur général adjoint du groupe SNCF).
Pour ce qui est de la domination de l’ENA dans le domaine économique, plusieurs éléments confirment cette impression alors pourtant que les énarques sont, proportionnellement, très peu nombreux à travailler en entreprise (21 % des énarques en activité sont en poste dans les entreprises publiques et privées74). Au plan national, en 2014, des énarques dirigent de nombreuses entreprises qui comptent parmi les plus importantes de France75.
Au plan international, la place de l’ENA est également reconnue dans le domaine économique. Ainsi un classement établi par l’école des Mines de Paris en 201176 basé sur le nombre d’anciens étudiants figurant parmi les dirigeants exécutifs des 500 plus grandes entreprises mondiales montre que l’ENA est devenue une des meilleures écoles du monde pour la direction d’entreprise, ce qui, rappelons-le, n’est absolument pas son objectif premier.
Selon ce classement, les dirigeants des 500 plus grandes entreprises mondiales ont été formées à : 1. Harvard Univ. (USA), 2. Tokyo Univ. (Japan), 3. Keio Univ. (Japan), 4. HEC (France), 5. Kyoto Univ. (Japan), 5. Univ. Oxford (United Kingdom), 7. Ecole Polytechnique (France), 8. Waseda Univ. (Japan) 9. ENA (France), (…) 17. Sciences Po Paris (France), (…) 21. INSEAD (France).
La place de Sciences Po Paris laisse également songeur, puisque par cette école passe également une très grande partie de l’élite politique française.
Les liens entre l’élite politique, l’élite administrative et l’élite économique française sont donc évidents : ils sont formés dans les mêmes écoles, par les mêmes enseignants, avec les mêmes méthodes pédagogiques. Ce manque d’ouverture, souvent dénoncé, ne fait pourtant que s’accroître au fil des décennies.
2. Les grandes écoles : un modèle franco-français
La spécificité des élites françaises vient du nombre restreint des individus qui la compose, mais aussi, du nombre restreint des institutions qui participent à sa formation. Il est nécessaire dans presque tous les domaines des élites françaises, de passer par une grande école et le nombre de ces grandes écoles qui comptent est très limité. Il existe tout d’abord quatre grandes écoles majeures : l’ENA, l’Ecole Polytechnique (X), HEC et l’Ecole Normale Supérieure (ENS). On ne peut pas vraiment effectuer un classement entre ces écoles car elles ne portent pas sur les mêmes domaines mais un élève sorti de l’une d’elles a sa carrière assurée, quelle que soit l’activité qu’il envisage.
Ce système de séparation entre les formations universitaires et les grandes écoles n’existe à peu près nulle part ailleurs qu’en France. Il est dû à Napoléon qui a créé plusieurs de ces grandes écoles, en particulier, l’Ecole Polytechnique et l’Ecole Normale Supérieure. Le plus inquiétant est sans doute qu’aucun pays ne copie le système français ; c’est rarement un bon signe. La difficulté vient de l’affaiblissement du système universitaire qui est causé par ces écoles : elles siphonnent les meilleurs étudiants comme les moyens matériels et ne participent que peu à la recherche universitaire (avec des variantes selon les écoles car l’ENS et l’X ont une activité de recherche de tout premier plan).
En plus des quatre grandes écoles majeures, quelques établissements forment des dirigeants dont certains arrivent ensuite à s’imposer au plus haut niveau77. A ces écoles il convient d’ajouter Sciences Po (les Instituts d’Etudes Politiques), en particulier Sciences Po Paris qui forme, dans plusieurs domaines, de nombreux leaders. Par exception à la relégation des universitaires à un rang second, on peut considérer que deux filières universitaires sortent du lot : droit (à condition de ne pas sortir de n’importe quelle université) et médecine. Ces formations, par leur caractère sélectif, ont réussi à conserver un certain prestige. On peut enfin ajouter Saint-Cyr, l’école de formation des militaires de haut rang mais les militaires français ne participent plus guère à la vie politique.
En dehors de ces écoles ou de ces deux filières particulières que sont le droit et la médecine, pour devenir un dirigeant politique, il faut s’imposer par une voie purement politique : au sein de son parti, au fil des mandats, en progressant pas à pas. C’est un recrutement par voie longue.
Il n’est qu’à regarder les hauts dirigeants de l’Etat pour constater la prédominance de ces grandes écoles en politique. Pour les Présidents de la République, en dehors de François Mitterrand et de Nicolas Sarkozy qui sont tous deux juristes de formation, tous ont fait une des grandes écoles de la République : Charles de Gaulle (Saint-Cyr), Georges Pompidou (Ecole Normale Supérieure), Valéry Giscard d’Estaing (X, ENA), Jacques Chirac (Sc. Po, ENA), François Hollande (HEC, ENA), Emmanuel Macron (Sc. Po, ENA).
Pour les Premiers ministres, le constat n’est pas très différent, presque tous sont passés par une grande école ou par des études juridiques. Seuls cinq Premiers ministres ont eu des parcours atypiques : Pierre Mauroy, Pierre Bérégovoy, Edith Cresson, Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls. Notons que tous ces derniers Premiers ministres sont des Premiers ministres de gauche, cela n’a rien d’un hasard : le parcours militant est plus valorisé à gauche, qu’à droite.
Illustration 4 : La formation des Premiers ministres de la Vème République : la technocratie « à la française »
3. La reproduction des élites en France : l’endogamie de la « noblesse d’Etat »
A l’aube des années 1970, Pierre Bourdieu a souligné un phénomène qui n’a fait que s’amplifier depuis en France : la reproduction des élites78. Pour cet auteur majeur, les élites utilisent en particulier le système scolaire pour créer une distinction sociale entre dominants et dominés. Au moyen de la violence symbolique, les dominants assurent ainsi le maintien de leur domination, cette domination étant transmise à leurs enfants par le biais du système scolaire et des diplômes.
Bourdieu approfondira cette thèse quelques années plus tard en se penchant plus directement sur la question des grandes écoles françaises et des mécanismes qu’elles utilisent pour s’imposer comme les références du système scolaire français79. Ces grandes écoles ont également pour particularité d’être régulièrement suivies par plusieurs générations successives d’une même famille ce qui assure ainsi le maintien de la famille dans l’élite française constituant ainsi une véritable « noblesse d’Etat ».
Ce constat selon lequel l’« ascenseur social » est grippé, voire bloqué, en France n’a fait que s’accroître durant ces dernières années malgré sa dénonciation par de nombreux auteurs ou rapports. « La proportion des élèves d’origine modeste dans les quatre plus grandes écoles – Polytechnique, l’ENA, HEC et Normale Sup – a fortement chuté, passant de 29 % au début des années 1950 à seulement 9 % au milieu des années 1990. Employés et ouvriers représentent encore aujourd’hui plus de 60 % de la population active. Pourtant, leurs enfants ne représentent que : 6 % des étudiants de l’ENA, moins de 1 % des étudiants de Polytechnique, 3,4 % des étudiants des écoles de commerce, 6,1 % des étudiants des écoles d’ingénieur »80.
Mais si ce mécanisme social de sélection des élites est particulièrement visible dans les grandes écoles, il débute, en fait, bien plus tôt dans la scolarité. Jacques Attali évoquait de véritables délits d’initiés de la part de ceux qui « bénéficient dès l’enfance d’un soutien et d’une formation privilégiés sur les impasses du labyrinthe éducatif » et « en poursuivant jusqu’à l’absurde, on pourrait même sans doute établir que la majorité des élèves des plus grandes écoles françaises ont commencé leur scolarité dans une ou deux centaines de classes maternelles »81. Son constat est sans appel : « la situation est aujourd’hui telle qu’il devient pratiquement impossible à un enfant scolarisé en banlieue d’accéder à une grande école ». « Alors que dans le passé des élèves brillants étaient rapidement identifiés puis orientés vers les filières d’excellence indépendamment de leur origine sociale, le système de formation de nos élites est devenu profondément endogame ». Un rapport d’information du Sénat de 2007 ne dit pas autre chose et souligne la « discrimination de fait » et les « exclus du système »82. En fait, « le dogme de la méritocratie scolaire dissimule un authentique « tri social » tant il est vrai que les inégalités sociales résultent aussi des inégalités scolaires »83.
Pour assurer, et maintenir, ce mécanisme très contestable de reproduction des élites, cette véritable sélection sociale par le système scolaire, plusieurs moyens sont utilisés simultanément. Dans un premier temps, les concours d’entrée de ces grandes écoles valorisent des disciplines socialement très discriminantes comme les langues vivantes ou la culture générale. Il est, en effet, évident qu’un étudiant ayant effectué plusieurs séjours linguistiques de longue durée, voire ayant passé une ou plusieurs années scolaires à l’étranger (de préférence dans un pays anglo-saxon) bénéficie d’un avantage considérable dans ce type de concours. Un tel investissement ne peut être effectué que par des familles aisées.
Quant à l’épreuve de culture générale, pour laquelle le programme n’est pas strictement délimité, « le candidat est jugé sur des connaissances faisant appel à ce que l’on pourrait appeler d’authentiques « compétences sociales ». La composition et l’origine des membres du jury sont donc déterminantes pour apprécier ce type de compétences » ((« Ouvrir les grandes écoles à la diversité » rapport de l’Institut Montaigne, janvier 2006, p. 19.)).
La discrimination sociale durant ce processus survient aussi à l’occasion des épreuves orales. Ces épreuves permettent, en effet, de juger, en plus des qualités intellectuelles du candidat, son apparence, sa façon de parler, etc. autant d’éléments qui peuvent faire ressortir des indicateurs sociaux inavouables. L’épreuve orale ne laisse par ailleurs aucune trace, ne répond à aucun critère strictement et objectivement définissable. En d’autres termes, la note mise à un candidat dans le cadre d’une épreuve orale est invérifiable et incontestable, elle répond à un sentiment du jury porté sur la prestation du candidat ce qui peut, par conséquent, masquer une sélection sur un critère social, éventuellement involontaire, voire inconsciente.
Tous ces mécanismes sont connus depuis de nombreuses années maintenant et quelques efforts ont été faits pour contrecarrer cette réalité.
Ont ainsi été instaurées entre 2007 et 2009 des Classes Préparatoires Intégrées (CPI) qui forment des étudiants à des concours des écoles de service public. Ces classes ont pour spécificité de former ces étudiants au sein de l’école à laquelle ils se destinent. Ces CPI sont typiques de la politique française d’égalité des chances : des élèves issus de milieux modestes sont sélectionnés sur des critères universitaires. Cette mesure reste encore restreinte car les CPI ne concernent que quelques centaines d’étudiants par an, dans une quinzaine de filières seulement (19 classes CPI en 2016 dont cinq pour les Instituts Régionaux d’Administration). Les CPI n’assurent donc pas un poste à ces élèves et ne les recrutent que s’ils ont déjà réussi à surmonter des difficultés qu’on leur reconnaît bien tardivement dans leur parcours puisqu’ils doivent déjà être diplômés à bac +3 voire bien plus.
Par ailleurs depuis 2001, les modalités d’entrée à Sciences Po ont été modifiées pour permettre une sélection d’élèves issus de lycées situés en Zone d’Education Prioritaire (sélection dite « convention éducation prioritaire »). Ce recrutement reste minoritaire mais il ouvre une vraie soupape pour les lycéens ayant effectué leur terminale en ZEP.
- On peut également penser à Simone Veil, Présidente du Parlement européen (1979-1982), Julia Gillard Premier ministre d’Australie (2010-2013), Eveline Widmer-Schlumpf, Présidente de la Confédération suisse pour l’année 2012, Jóhanna Sigurðardóttir, Premier ministre d’Islande (2009-2013). [↩]
- 1997 : 9 %, 2002 : 13 %, 2007 : 19 %, 2012 : 26 %, 2017 : 39 %. [↩]
- C. de Nantois, Le député : une étude comparative, France, Royaume-Uni, Allemagne, LGDJ, 2010, p. 14. [↩]
- A l’exception de Gaston Monnerville (Président du Sénat de 1947 à 1968), de Léopold Sédar Senghor (secrétaire d’Etat du gouvernement Edgar Faure en 1955-1956 puis ministre du gouvernement Michel Debré de 1959 à 1961) et de Félix Houphouët-Boigny (ministre délégué du gouvernement Mollet en 1956-1957, ministre de la Santé du gouvernement Félix Gaillard en 1957-1958 et ministre d’Etat de 1958 à 1961), on peine à trouver des exemples historiques. [↩]
- Cette notion est, évidemment particulièrement fluctuante et sujette à évolution. Néanmoins, si un scandale voit le jour, la carrière d’un dirigeant politique peut s’achever pour cette raison comme ce fut le cas pour Dominique Strauss-Kahn ou, dans une moindre mesure, pour Silvio Berlusconi. [↩]
- A l’exception de quelques personnalités : Georgina Beyer, née George Bertrand, a été la première maire transsexuelle du monde, élue maire de Carterton en Nouvelle-Zélande (1995-200) puis élue première députée transsexuelle du monde en 1999, réélue en 2002 puis en 2005 (1999-2007). Vladimir Luxuria, née Wladimiro Guadagno, a été élue députée en Italie de 2006-2008. Anna Grodzka, née Krzysztof Bęgowski, députée polonaise (2011-2015). Nikki Sinclaire, élue députée européenne britannique (2009-2014) qui n’a cependant reconnue être transsexuelle qu’en 2013. [↩]
- Charles de Gaulle : 68 ans, 2 mois, 17 jours, Georges Pompidou : 57 ans, 11 mois, 21 jours, Valéry Giscard d’Estaing : 48 ans, 3 mois, 24 jours, François Mitterrand : 64 ans, 6 mois, 27 jours, Jacques Chirac : 62 ans, 5 mois, 19 jours, Nicolas Sarkozy : 52 ans, 3 mois, 18 jours, François Hollande : 57 ans, 9 mois, 7 jours, Emmanuel Macron : 39 ans, 4 mois et 24 jours. [↩]
- Michel Debré : 46 ans, 11 mois, Georges Pompidou : 50 ans, 9 mois, Maurice Couve de Murville : 61 ans, 5 mois, Jacques Chaban-Delmas : 54 ans, 3 mois, Pierre Messmer : 56 ans, 3 mois, Jacques Chirac : 41 ans, 5 mois, Raymond Barre : 52 ans, 4 mois, Pierre Mauroy : 52 ans, 10 mois, Laurent Fabius : 37 ans, 11 mois, Michel Rocard : 57 ans, 8 mois, Edith Cresson : 57 ans, 3 mois, Pierre Bérégovoy : 66 ans, 3 mois, Edouard Balladur : 63 ans, 11 mois, Alain Juppé : 49 ans, 9 mois, Lionel Jospin : 59 ans, 10 mois, Jean-Pierre Raffarin : 53 ans, 9 mois, Dominique de Villepin : 51 ans, 6 mois, François Fillon : 53 ans, 2 mois, Jean-Marc Ayrault : 62 ans, 3 mois, Manuel Valls : 51 ans, 7 mois, Bernard Cazeneuve : 53 ans, 6 mois, Edouard Philippe : 46 ans, 6 mois. [↩]
- L’arrivée à la maison blanche a lieu plusieurs mois après l’élection ; cette moyenne est calculée sur plus de deux siècles et non sur un demi-siècle comme en France. [↩]
- Theodore Roosevelt est devenu président plus jeune que Kennedy (42 ans et 10 mois) mais sans avoir été élu en succédant à William McKinley qui a été assassiné. [↩]
- Ayrault II : 53 ans, Valls II : 53 ans, Cazeneuve : 53 ans, Philippe I : 55 ans. [↩]
- C. de Nantois, Le député : une étude comparative, France, Royaume-Uni, Allemagne, LGDJ, 2010, p. 15. [↩]
- En 2011 : 62 ans, en 2014 : 61 ans et 9 mois. [↩]
- Sir M. Wheeler-Booth, A. Kennon, R. Blackburn, op. cit. p. 73-76. Ce taux est toutefois supérieur à ce qu’il fut sous les législatures antérieures. Ibid. p. 73-75. Voir également A. Adonis, Parliament today, Manchester University Press, 2nd ed., 1993, Manchester p. 50. R. Blackburn, The electoral system in Britain, MacMillan Press LTD, 1995, London p. 197-202. [↩]
- Par ailleurs, on constate des différences assez nettes d’un parti politique à l’autre, les conservateurs étant à la fois ceux qui ont fait les plus longues études et ceux qui ont fréquenté les meilleures écoles. Les libéraux-démocrates, s’ils n’affichent pas des scores aussi prestigieux, restent cependant dans des proportions comparables. Les travaillistes révèlent, pour leur part, un taux bien plus bas d’anciens élèves de public schools et d’« Oxbridges », preuve d’origines sociales moins élitistes. Ces chiffres ne doivent cependant pas masquer une réelle mutation au sein du groupe travailliste, car si le taux de MPs travaillistes issus d’Oxford ou de Cambridge est inchangé depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les MPs issus d’autres universités sont deux fois plus nombreux sur la même période et ceux-ci sont désormais majoritaires. Ces données nouvelles traduisent une plus grande professionnalisation des MPs travaillistes. [↩]
- Contraction effectuée entre Oxford et Cambridge qui désigne les anciens élèves passés par une de ces deux universités. [↩]
- Oxford (12) : Robert Gascoyne-Cecil (Lord Salisbury, 3ème marquis de Salisbury), Herbert Henry Asquith, Clement Attlee, Anthony Eden, Harold Macmillan, Alec Douglas-Home, Harold Wilson, Edward Heath, Margaret Thatcher, Tony Blair, David Cameron, Theresa May. Cambridge (3) : Arthur Balfour, Sir Henry Campbell-Bannerman, Stanley Baldwin. Autodidactes (3) : John Major, James Callaghan, David Lloyd George. Autres formations (5) : Andrew Bonar Law (université de Glasgow), Ramsay MacDonald (université de Londres), Neville Chamberlain (Mason Science College), Winston Churchill (académie royale militaire de Sandhurst), Gordon Brown (université d’Edimbourg). [↩]
- Voir les statistiques précises sur le site internet du Bundestag. [↩]
- D. Chagnollaud, Science politique, 7ème éd., Dalloz, 2010, p. 290. [↩]
- Stephen Hess, America’s Political Dynasties, from Adams to Kennedy, Doubleday & Company, New York, 1966. Une édition mise à jour a été effectuée en 1996. [↩]
- Les points sont accordés à la famille selon le poste exercé et le nombre de mandats effectués selon la grille suivante : Président (ou Président de la Cour Suprême) : 10 points, vice-Président ou Président de la chambre des représentants : 4 points, sénateur ou gouverneur : 3 points, membre de la chambre des représentants : 2 points, membre d’un cabinet : 1 point.
Ainsi George W. Bush, gouverneur à deux reprises du Texas puis Président pour deux mandats rapporte 26 points, John Fitzgerald Kennedy rapporte 22 points ayant été élu trois fois représentant, deux fois au Sénat et une fois Président. Un point supplémentaire est accordé par génération, plus un point par individu ayant détenu l’un de ces postes. [↩] - Stephen Hess, “America’s Top Dynasty?”, Washington Post, sept. 13, 2009. http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/09/11/AR2009091101831.html [↩]
- De ce fait, Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie, n’apporte pas de point à la famille Kennedy quand bien même son épouse de l’époque, Maria Shriver, était une Kennedy qui l’a soutenu activement. A l’inverse, John Francis Fitzgerald, le grand-père maternel de John Fitzgerald Kennedy, de Robert Kennedy et de Ted Kennedy, ayant été membre du Congrès à trois reprises entre 1892 et 1919, apporte ses points à la famille Kennedy. [↩]
- Key Jobs : President (1), Senator (3), Representative (4), Cabinet (1). [↩]
- Key jobs : President (2), Vice President (1), Governor (2), Representative (4). [↩]
- Key jobs : Vice President (1), Governor (3), Senator (2), Representative (2). [↩]
- Key jobs : President (2), Governor (2), Senator (3), Representative (5). [↩]
- Key jobs : President (2), Vice President (1), Governor (1), Senate (1), Representative (2), Cabinet (2). [↩]
- Key jobs : President (2), Vice President (1), Governor (2), Senator (1), Representative (1). [↩]
- Key jobs : Senator (4), Representative (2), Cabinet (1). [↩]
- Key jobs : Vice President (1), Senator (2), Representative (6), Cabinet (1). [↩]
- Key jobs : President (1), Chief Justice (1), Governor (1), Senate (3), Representative (2), Cabinet (3). [↩]
- Key jobs : Governor (1), Senator (6), Representative (1), Cabinet (1). [↩]
- Stephen Hess, America’s Political Dynasties, from Adams to Kennedy, Doubleday & Company, New York, 1966. [↩]
- Geórgios Papandréou (né en 1888) a été Premier ministre à plusieurs reprises (1944-45, novembre-décembre 1963 et 1964-65). Son fils, Andréas Papandréou a également été Premier ministre (1981-89 et 1993-96) et son petit-fils Geórgios Papandréou (né en 1952), fils d’Andréas Papandréou a aussi été Premier ministre (2009-2011). [↩]
- Konstantínos Karamanlís a été Premier ministre à quatre reprises pour un total de 14 ans au pouvoir entre 1955 et 1980 avant d’accéder au poste de Président de la République durant 10 ans. Son neveu Kóstas Karamanlís a pour sa part été Premier ministre de 2004 à 2009. [↩]
- Konstantínos Mitsotákis a été Premier ministre de 1990 à 1993. Konstantínos Mitsotákis est issu d’une longue lignée politique puisque son père et son grand-père étaient des parlementaires et que son oncle Eleftherios Venizelos a été un homme politique grec incontournable du début du XXème siècle : Premier ministre à sept reprises entre 1910 et 1933 pour une durée totale d’une douzaine d’années. Cette lignée n’est pas éteinte puisque le fils de Konstantínos Mitsotákis, Kyriakos Mitsotákis (qui a étudié à Stanford et à Harvard) est député depuis 2004 et a été ministre (2013-2015). La fille de Konstantínos Mitsotákis, Dóra Bakoyánni, a été maire d’Athènes de 2003 à 2006 et plusieurs fois ministre dont ministre des Affaires Etrangères de 2006 à 2009. [↩]
- Ioannis Kefalogiannis a été député pendant 36 ans entre 1958 et 2004, plusieurs fois ministre dont ministre de l’Intérieur de 1992 à 1993. Son frère Kostas Kefalogiannis a également été député. Quant à la fille de Ioannis Kefalogiannis, Olga Kefalogianni, elle a été élue plusieurs fois au Parlement et ministre du tourisme (2012-2015). Enfin son neveu, Manolis Kefalogiannis, le fils de Kostas Kefalogiannis, est député depuis 1990. [↩]
- Ichirō Hatoyama (1931-1934), puis son fils Iichirō Hatoyama (1976-1977), puis son petit-fils Kunio Hatoyama (1991-1992, 1994, 2007-2009). [↩]
- Kazuo Hatoyama (1892-1911), Ichirō Hatoyama (1915-1946, 1952-1959), Hideo Hatoyama (1932-1936), Kunio Hatoyama (1976-1979, 1980-1999, 2000-2014), Yukio Hatoyama (1986-2012) et Iichirō Hatoyama (1974-1992). [↩]
- Iichirō Hatoyama à la Chambre des conseillers (Sénat) et ses deux fils Yukio Hatoyama et Kunio Hatoyama à la Chambre des représentants. [↩]
- D’après la presse de l’époque, il s’agissait du premier pays au monde dirigé par des jumeaux. Le décès de Lech Kaczyński dans un accident d’avion poussa Jarosław Kaczyński à lui succéder mais il échoua à plusieurs élections. [↩]
- Thaksin Shinawatra fut Premier ministre de 2001 à 2006 avant d’être renversé par un coup d’Etat militaire. Peu de temps après, le pouvoir civil fut incarné par Somchai Wongsawat, le beau-frère de Thaksin Shinawatra, qui fut un éphémère Premier ministre durant quelques mois de 2008 avant d’être destitué par la Cour suprême criminelle. Ce fut alors au tour de Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin Shinawatra de devenir Premier ministre en 2011, avant d’être destituée par la Cour constitutionnelle cette fois le 7 mai 2014 pour corruption. [↩]
- Rafiq Hariri, Premier ministre de 1992 à 1998 puis de 2000 à 2004. La sœur de Rafiq Hariri, Bahia Hariri est députée depuis 1992 et a été ministre de l’Education Nationale. Enfin, le fils Rafiq Hariri, Saad Hariri a ensuite repris le flambeau en tant que Premier ministre de 2009 à 2011 [↩]
- Serge Dassault (sénateur-maire) était le fils de Marcel Dassault (sénateur et surtout député de 1958 à 1986). [↩]
- Louis Joxe (ministre entre 1960 et 1967 et député de 1967 à 1977) et son fils Pierre Joxe (ministre de l’Intérieur (1984-1986, 1988-1991) puis ministre de la Défense (1991-1993 [↩]
- Louis Giscard d’Estaing, député du Puy-de-Dôme depuis 2002 et maire de Chamalières depuis 2005 ; il est le fils de Valéry Giscard d’Estaing Président de la République (1974-1981). [↩]
- Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l’Essonne depuis 2002, plusieurs fois ministre de 2007 à 2012. Son père, François Kosciusko-Morizet est le maire de Sèvres depuis 1995, il a détenu de nombreux mandats départementaux dans les Hauts-de-Seine et régionaux en Ile de France. Son grand-père Jacques Kosciusko-Morizet a été maire de Saint-Nom-la-Bretèche de 1977 à 1994 et secrétaire national du RPR. Son arrière-grand-père était André Morizet, sénateur de 1927 à 1942 et maire communiste, puis SFIO, de Boulogne-Billancourt (1919-1942). [↩]
- Axel Poniatowski, maire de l’Isle-Adam depuis 2001, député depuis 2002 est le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur Michel Poniatowski (1974-1977). Le frère d’Axel Poniatowski, Ladislas Poniatowski, est sénateur depuis 1998. [↩]
- Jean-Pierre Abelin, député depuis 1978, conseiller général depuis 1977 et maire de Châtellerault depuis 2008 est le fils de Pierre Abelin, maire de Châtellerault (de 1959 à 1977), député (1945-1981), ministre à plusieurs reprises. Jean-Pierre Abelin est également le fils de Geneviève Abelin, également maire de Châtellerault (1977-1983). [↩]
- En Corée du Nord, Kim Jong-il a succédé à son père Kim Il-sung, fondateur du régime, qui le désigna de son vivant. Kim Jong-il a lui-même réglé la succession du pouvoir en désignant son fils Kim Jong-un. L’influence politique de cette famille ne se limite pas à ces trois dirigeants. En effet, Jang Song-taek, l’oncle de Kim Jong-un, a été numéro deux de la Corée du Nord de 2011 à 2013 (avant d’être assassiné par son neveu). Kim Jong-un a également probablement fait assassiner son demi-frère Kim Jong-nam en février 2017, vraisemblablement de peur que celui-ci ne lui conteste le pouvoir (il y avait eu un conflit à ce sujet). [↩]
- Cette théorie des apparences est une théorie concernant la façon de rendre la justice : « la justice ne doit pas seulement être rendue, mais il doit être visible qu’elle est rendue ». Elle est issue de la formule de Lord Hewart « justice must not only be done; it must also be seen to be done ». Cette notion a permis la condamnation de la France dans plusieurs affaires notamment CEDH 2001 Kress. La théorie a ici été modifiée et adaptée au cadre politique. [↩]
- 125 docteurs étaient présents en 2007, 99 en 2002. [↩]
- Parmi ces 19 Premiers ministres passés par Eton ont peut notamment retenir Robert Walpole, William Pitt l’Ancien, Arthur Wellesley (le duc de Wellington), William Ewart Gladstone, Arthur Balfour, Anthony Eden, Harold Macmillan, Alec Douglas-Home ainsi que David Cameron [↩]
- Ces 54 Premiers ministres ont formé 76 gouvernements sur cette même période. [↩]
- Ces chiffres sont cependant faussés par le nombre d’étudiants étrangers présents parmi les Oxbridges. [↩]
- Harvard (8) : John Adams, John Quincy Adams, Theodore Roosevelt, Franklin Delano Roosevelt, Rutherford Birchard Hayes, John Fitzgerald Kennedy, George W. Bush et Barack Obama. Yale (4) : William Taft, Gerald Ford, George Bush, Bill Clinton et George W. Bush. Columbia (3) : Theodore Roosevelt, Franklin Delano Roosevelt, Barack Obama. Princeton (2) : James Madison et Woodrow Wilson. Pennsylvania (2) : William Harrison, Donald Trump. [↩]
- Avec la même difficulté statistique que précédemment puisque beaucoup d’étudiants sont étrangers. [↩]
- John Gorton, Malcolm Fraser, Bob Hawke, et Tony Abbott. [↩]
- Lester B. Pearson et John Turner. [↩]
- Manmohan Singh et Indira Gandhi. [↩]
- Liaquat Ali Khan, Huseyn Shaheed Suhrawardy, Feroz Khan Noon, Zulfiqar Ali Bhutto et Benazir Bhutto. [↩]
- Lee Teng-hui Président de Taïwan, Mario García Menocal Président de Cuba ou Jamshid Amuzegar Premier ministre d’Iran. [↩]
- Mario Monti Premier ministre italien, Tansu Çiller Premier ministre de Turquie, Ernesto Zedillo Président du Mexique, Karl Carstens Président de l’Allemagne ou encore José Paciano Laurel Président des Philippines. [↩]
- On peut retenir parmi ceux-ci : Ban Ki-moon secrétaire général de l’ONU, Sebastián Piñera Président du Chili, Juan Manuel Santos Président de la Colombie, José María Figueres Président du Costa Rica, les Présidents du Mexique Felipe Calderón, Carlos Salinas de Gortari et Miguel de la Madrid. Alejandro Toledo Président du Pérou, Ma Ying-jeou Président de Taïwan, Mackenzie King et Pierre Elliott Trudeau Premiers ministres du Canada, Antonis Samaras Premier ministre de la Grèce, Benjamin Netanyahou Premier ministre d’Israël ou encore Benazir Bhutto Premier ministre du Pakistan. [↩]
- Michel Debré (Conseiller d’Etat), Georges Pompidou (enseignant), Maurice Couve de Murville (diplomate), Jacques Chaban-Delmas (militaire), Pierre Messmer (administrateur d’outre-mer), Jacques Chirac (haut fonctionnaire), Raymond Barre (enseignant), Pierre Mauroy (enseignant), Laurent Fabius (enseignant), Michel Rocard (haut fonctionnaire), Edith Cresson (ingénieur économiste), Pierre Bérégovoy (ouvrier puis cadre), Edouard Balladur (haut fonctionnaire), Alain Juppé (enseignant), Lionel Jospin (haut fonctionnaire), Jean-Pierre Raffarin (cadre de communication), Dominique de Villepin (diplomate), François Fillon (assistant parlementaire), Jean-Marc Ayrault (enseignant), Manuel Valls (conseiller en communication), Bernard Cazeneuve (avocat), Edouard Philippe (haut fonctionnaire). [↩]
- Données indisponibles pour 2017. [↩]
- Selon une étude de l’association des anciens élèves de l’ENA de 2011 (V. Nouzille, « Le grand retour des énarques », Le Figaro, 21 septembre 2012) sur 4.300 énarques en activité en 2012, 2.999 travaillent pour l’Etat, 904 pour des entreprises privées et publiques, 396 pour les collectivités locales et les organisations internationales, 43 sont ministres, sénateurs ou députés, 23 travaillent à l’Elysée et 72 à Matignon. En d’autres termes, plus de 80 % des énarques travaillent directement pour le compte de l’Etat, à quoi il faut ajouter ceux qui travaillent dans les entreprises publiques. Quant à ceux qui sont investis en politique, ils ne sont que 3,21 % des énarques en activité. [↩]
- Jacques Chirac est compté deux fois car il a été deux fois Premier ministre : 1974-1976 et 1986-1988. [↩]
- Laurent Fabius, Ségolène Royal, Michel Sapin, Emmanuel Macron et Fleur Pellerin. [↩]
- Laurent Fabius, Pierre Moscovici, et Michel Sapin. [↩]
- Deux énarques sur 19 ministres : Florence Parly et Bruno Lemaire, aucun parmi les 10 secrétaires d’Etat. [↩]
- Claire Bazy-Malaurie, membre du Conseil constitutionnel (depuis 2010). Frédérique Bredin, ministre de la Jeunesse et des Sports (1991-1993). Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication (2004-2007). François Hollande, Président de la République (2012-…). Sylvie Hubac, directrice du cabinet de la présidence de la République (2012-2015). Jean-Pierre Jouyet, ancien secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes (2007-2008), secrétaire général de l’Elysée (2014-…). Pierre-René Lemas, directeur du cabinet du Président du Sénat (2011- 2012), secrétaire général de l’Elysée (2012-2014). Pierre Mongin, directeur du cabinet du Premier ministre (2005-2006). Ségolène Royal, ministre à plusieurs reprises, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes (2004-2014), candidate du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2007. Michel Sapin, ministre à plusieurs reprises notamment des Finances, président du Conseil régional du Centre (1998-2000 puis 2004-2007). Dominique de Villepin, Premier ministre (2005-2007), ministre des Affaires étrangères (2002-2004), ministre de l’Intérieur (2004-2005), secrétaire général de l’Elysée (1995-2002). [↩]
- Source : Association des anciens élèves de l’ENA, 2011, op. cit. [↩]
- Henri de Castries (Axa), Louis Gallois (Président du conseil de surveillance de PSA), Baudouin Prot (BNP Paribas), Pierre Mongin (RATP), Paul Hermelin (Capgemini), Denis Olivennes (Europe 1, Lagardère Active), Jean-François Cirelli (Gaz de France), Bruno Lafont (Lafarge), Philippe Crouzet (Vallourec), Frédéric Oudéa (Société générale), Alexandre Bompard (Fnac), Guillaume Pepy (SNCF), Gérard Mestrallet (Suez), Pierre-André de Chalendar (Saint-Gobain), Stéphane Richard (France Telecom). Certes, nombre de ces entreprises sont publiques ou l’ont été, mais il n’en reste pas moins que l’influence des énarques dans le domaine économique, privé et public, reste très important. [↩]
- Ecole des mines, Classement international professionnel des établissements d’enseignement supérieur, 5ème édition, 2011, p. 23. [↩]
- Dans la filière des écoles de commerce on peut citer l’ESCP, l’EM Lyon, l’INSEAD, l’ESSEC, l’EDHEC et éventuellement Paris IX (Dauphine) qui est une université sélective. Dans la filière des écoles d’ingénieurs on peut retenir l’Ecole Centrale de Paris, l’Ecole des Mines de Paris ou l’Ecole des Ponts et Chaussées. [↩]
- P. Bourdieu, J.-C. Passeron, La Reproduction. Eléments pour une théorie du système d’enseignement, éditions de Minuit, 1970. [↩]
- P. Bourdieu, La Noblesse d’Etat. Grandes écoles et esprit de corps, éditions de Minuit, 1989. [↩]
- « Ouvrir les grandes écoles à la diversité » rapport de l’Institut Montaigne, janvier 2006. [↩]
- Jacques Attali, Pour un modèle européen d’enseignement supérieur, 1998 p. 18. « A titre d’exemple, on notera que l’essentiel des élèves reçus aux grands concours comme ceux de l’ENS ou de Polytechnique viennent d’une dizaine de lycées ». [↩]
- Diversité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles : mettre fin à une forme de délit d’initié, Rapport d’information n° 441 fait au nom de la commission des Affaires culturelles du Sénat par la mission d’information portant sur la diversité sociale et l’égalité des chances dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles, 12 sept. 2007. [↩]
- « Ouvrir les grandes écoles à la diversité » rapport de l’Institut Montaigne, janvier 2006, p. 19. [↩]