L’état d’exception et l’impact du processus d’intégration européenne montrent la face fragile du principe de la séparation des pouvoirs. La fragilité consiste en la limite que le principe ne pourra jamais surmonter. Il peut être mise en brèche par la discorde générale entre un ou plusieurs organes relevant de « pouvoirs différents » et se trouver ainsi complètement paralysée. Les règles constitutionnelles applicable en période de crise (insitutionnelle ou militaire) suffisent, pour l’instant à garantir que jamais un pouvoir essayera d’usurper la totalité du pouvoir sans avoir la moindre intention de revenir à l’état normal. Alors, le principe puissant qui porte la Loi fondamentale tout entière, se perdra au moins de l’ordre constitutionnel concret qui devient victime d’une telle attaque couverte sous la volonté de « sauver » la situation. L’état d’exception est donc l’état de tous les dangers pour Gewaltenteilungsgrundsatz.
Face aux cataclysmes institutionnels que peuvent provoquer les circonstances exceptionnelles, l’Union européenne ne paraît, de prime abord, comme une menace. Il n’y a pas beaucoup de similitudes entre le système d’équilibre institutionnel au niveau de l’Union et le principe normatif du droit constitutionnel allemand si ce n’est que lorsque le premier rencontre le second. L’organisation technocratique de l’Union et la place prédominante des organes exécutifs au sein des institutions permettent de s’interroger sur une possible modification importante ou bien simplement une adaptation de la structure constitutionnelle interne, donc de l’article 20 LF., aux exigences posées au niveau supranational. La démarche de la Cour consiste à renforcer, même en risquant l’interprétation très libre des dispositions de la Loi fondamentale, la place institutionnelle du Parlement national dans la configuration tant nationale qu’européenne. De manière paradoxale, c’est par la garantie du principe démocratique que l’on garantit aussi le principe de séparation des pouvoirs.